Pourquoi la protection conférée par le vaccin contre le Covid-19 est-elle de si courte durée, et non définitive ? C’est notre question de la semaine, posée par un lecteur sur notre page Facebook.
« Pourquoi la validité du vaccin pour le Covid-19 est elle de si courte durée ? », nous demande Tio Sam sur notre page Facebook. C’est notre question de la semaine. Merci à toutes et à tous pour votre participation.
Protégés contre l’hospitalisation
Tout d’abord, lorsque le virus mute, les anticorps produits pour la version précédente du Covid-19 ne sont plus efficaces. Ensuite, on remarque une baisse d’efficacité du vaccin au fil des mois. La baisse rapide d’anticorps observée après six mois et la moindre protection contre l’infection constatée à l’issue de cette période faisaient craindre que l’efficacité des vaccins devenait rapidement insuffisante.
Mais bonne nouvelle, la protection contre l’hospitalisation reste élevée après sept mois : 89 % pour Pfizer et 94 % pour Moderna, selon une étude parue dans la revue NEJM. Cela montre que la protection contre les formes graves – le but principal des vaccins – reste élevée avec uniquement deux doses.
Ce phénomène s’explique malgré la baisse d’anticorps grâce au reste de la réponse immunitaire, notamment les lymphocytes T. Mais cette efficacité baisse plus rapidement chez les personnes de plus de 65 ans, population chez laquelle la dose de rappel est indispensable pour garder une protection optimale.
Attention cependant à Omicron. Une étude (publiée en preprint donc pas encore revue par les pairs) montre que la protection contre l’infection par Omicron est d’environ 30 % avec ces deux doses, et de 62 % après la troisième. Car, au contraire des anticorps, les lymphocytes T reconnaissent encore très bien Omicron malgré ses mutations, qui affectent uniquement une minorité des sites reconnus par ces cellules (entre 20 et 30 % selon deux preprints provenant des États-Unis et de l’Afrique du Sud).
Cette réponse immunitaire des lymphocytes T protégerait donc contre l’infection par Omicron, mais surtout contre les formes graves que ce variant pourrait causer. La protection des vaccins est donc plus large et plus durable que ce que la simple étude des anticorps pourrait nous faire croire.
Un modèle mathématique de prévision
D’autres travaux de modélisation ont tenté de comprendre combien de temps cette protection durait exactement. Dans la revue PNAS, une équipe a modélisé les effets des vaccins en fonction des variants et de l’état des patients recevant le rappel, grâce à un modèle mathématique « mécaniste ». Il se base sur le fonctionnement connu du virus et de sa dissémination lors de l’infection des poumons, les réponses immunitaires innées et adaptatives ou encore la formation des thromboses, ces petits caillots participant au risque de décès suite au Covid-19.
Résultat, pour une personne saine, la protection immunitaire conférée par un rappel vaccinal par ARNm (Pfizer/BioNTech, Moderna) durerait plus d’un an, conclut une étude américaine basée sur une modélisation mathématique des effets du vaccin. Peu importe le variant, l’ajout d’une dose de rappel de vaccin à ARNm (Pfizr/BioNTech ou Moderna) après les deux premières permet plus d’un an de protection immunitaire à une personne en bonne santé. Ce qui ne signifie pas une efficacité de 100% car, rappelons-le, la protection conférée par les vaccins n’est pas infaillible à l’échelle de l’individu et a pour principal objectif de stopper la propagation de la maladie au niveau de la population entière.
En revanche, pour les patients plus à risque parce qu’atteints de cancer ou immunodéprimés, le rappel devrait intervenir beaucoup plus fréquemment. Chez les patients fragiles, le modèle prédit une réduction de plus de 60% de la charge virale et de la formation de caillots si le rappel de vaccin à ARNm (Pfizer/BioNTech et Moderna) se fait six mois après la dose précédente, plutôt que trois mois après. En revanche, la deuxième vaccination de rappel semble être tout aussi protectrice dans l’intervalle de 3 à 6 mois après le premier rappel pour les patients sous immunosuppression.
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