Les Nations Unies ont relayé sur leur site internet que la deuxième Commission (questions économiques et financières) est revenue, aujourd’hui, sur la question du développement durable, au cœur de ses travaux cette année. « Notre monde est pétri d’inégalités. La crise climatique s’aggrave. La faim, l’insécurité alimentaire, la crise de la dette continuent de s’aggraver, en particulier pour les pays les plus vulnérables.
Tout cela alors que la guerre en Ukraine et d’autres conflits aux quatre coins du globe se poursuivent comme le montre, une fois de plus, l’inquiétante escalade de la situation au Moyen-Orient », s’est inquiété, en préambule de son discours, le président de l’Assemblée générale, Dennis Francis, qui a plaidé pour une cessation des hostilités après la tragique attaque de civils israéliens par le Hamas samedi 7 octobre 2023.
Voulant faire preuve d’optimisme, il a cependant jugé la Deuxième Commission parfaitement capable de « catalyser l’action » nécessaire pour régler ces problèmes et atteindre les 17 objectifs de développement durable (ODD) du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Ce qui est le plus ressorti des 16 rapports présentés ce jour, ainsi que des discours des différentes délégations, est à n’en pas douter l’urgence climatique, dont les effets sont ressentis chaque jour de façon plus intense, plus imprévisible et plus dévastatrice.
« Il n’y a pas meilleure illustration de la myopie de nos systèmes économiques et politiques dominants que l’intensification de la guerre que nous livrons contre la nature », a alerté Mme Yongyi Min, du Département des affaires économiques et sociales (DESA), qui a toutefois estimé qu’il « n’est pas encore trop tard pour limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5 degré Celsius, éviter les pires effets de la crise climatique et garantir la justice climatique ».
C’est ainsi davantage vers les actions possibles que vers les sombres constats maintes fois partagés que s’est tournée la discussion du jour, lit-on dans le site.
Qui relève qu’à cet égard, « la COP28 (à Dubaï fin novembre) doit aboutir à des résultats concrets susceptibles de nous éloigner du statu quo et d’établir véritablement une nouvelle base pour la coopération internationale en matière d’action climatique », a espéré l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS). Le délégué samoan qui parlait au nom de ces pays a ainsi proposé de mettre en œuvre pour de bon le fonds pour les pertes et les préjudices, décidé lors de la COP27, mais non encore pleinement opérationnel.
Parlant au nom du Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, le délégué vénézuélien a de son côté rappelé la nécessité impérieuse de réduire « effectivement » les émissions de gaz à effet de serre.
Espérant que les pays développés rempliront leurs engagements pris dans l’Accord de Paris et augmenteront leurs contributions au financement des mesures d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques dans les pays en développement, à hauteur de 100 milliards de dollars par an —une demande partagée par de nombreuses délégations—, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), par la voix de la déléguée des Philippines, a réaffirmé le principe des « responsabilités communes mais différenciées ».
Elle a par ailleurs évoqué deux plans d’action de l’ASEAN en cours d’élaboration: un pour la gestion des espèces exotiques envahissantes et l’autre pour l’action climatique communautaire.
Le délégué iraqien s’est inquiété en particulier de la raréfaction de l’eau dans son pays et sa région, provoquant une perte de biodiversité et une dégradation des sols, tandis que la Secrétaire exécutive adjointe de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification a évoqué l’ambition du G20 de réduire de 50% les terres dégradées du monde d’ici à 2040. Elle a aussi misé sur la prochaine conférence de la Convention, prévue en décembre en Arabie saoudite, comme un « moment charnière » pour la résilience aux catastrophes naturelles.
Selon cette source, s’il y a une chose que les changements climatiques ont en effet mis en évidence, c’est la nécessité de combler les lacunes en matière de réduction des risques de catastrophes, a rappelé Mme Mami Mizutori, Représentante spéciale du Secrétaire général pour ce sujet. Tirant la sonnette d’alarme sur la lenteur des progrès dans ce domaine, elle a noté que bien que le nombre de pays dotés de stratégies nationales soit passé de 55 en 2015 à 126 en 2022, le nombre de personnes touchées par des catastrophes est lui passé de 1 092 pour 100 000 habitants pour la période 2005-2014 à 2 034, pour la période 2013-2022.
« Les catastrophes peuvent instantanément anéantir des décennies de développement », a-t-elle averti. La représentante péruvienne, s’exprimant au nom du Groupe des Amis pour la réduction des risques de catastrophe (qui comprend également l’Australie, l’Indonésie et la Norvège), a de son côté insisté sur une « approche basée sur la résilience », qui doit aller au-delà des risques naturels et inclure les risques biologiques, technologiques, environnementaux et économiques.
Le représentant de la Tunisie, tout en exprimant les préoccupations du Groupe des États d’Afrique sur les obstacles à la réalisation des ODD sur son continent, a mis en avant le potentiel des énergies renouvelables en Afrique, qui dispose de soleil, de vent et de ressources géothermiques en abondance. En vue d’offrir une énergie abordable à tous, il a appelé à davantage d’investissements dans la numérisation, les technologies innovantes et des systèmes de fourniture d’énergie transfrontaliers.
Enfin, plusieurs délégations, comme l’Iran, le Venezuela ou le Groupe des 77 et de la Chine, ont dénoncé les sanctions unilatérales qui empêchent les pays qui les subissent (actuellement une trentaine) de faire face aux exigences du développement et aux conséquences des changements climatiques, notamment en dissuadant les investissements et en sapant la coopération internationale.
La deuxième Commission poursuivra ses travaux demain, ce mardi 10 octobre 2023, par une réunion commune avec l’ECOSOC à partir de 10 heures, avant de continuer son débat sur la thématique du développement durable dans l’après-midi.
VivAfrik