Pourquoi la Supercoupe d’Italie en Arabie saoudite va tourner au fiasco

Pour la 36e édition de sa très chère et tendre Supercoupe, la Lega Serie A a décidé de voir les choses en grand avec un minitournoi de quatre équipes qui se déroulera en Arabie saoudite. Seulement voilà, six mois après l’approbation, les choses se sont compliquées, entre droits TV, calendrier surchargé et tensions accrues entre Israël et Gaza. Explications.

« C’est une formidable occasion de promouvoir notre sport. C’est un formidable outil pour mettre en avant nos valeurs. » Au micro de Radio anch’io Sport, en avril dernier, Lorenzo Casini – le président de la Lega Serie A – se félicite de la mise à jour de la Supercoupe d’Italie.

Et quoi de mieux donc pour « promouvoir » ses splendides valeurs que de s’associer à l’Arabie saoudite, pays hôte de la compétition. Calquée sur le modèle espagnol, la Supercoppa édition 2024 sera une sorte de minitournoi, avec deux demi-finales et une finale, entre le champion en titre (le Napoli), son dauphin (la Lazio), le vainqueur de la Coupe (l’Inter) et l’autre finaliste (la Fiorentina).

Un minitournoi prévu fin janvier, autrement dit en plein milieu de la saison, à plus de 5000 kilomètres de la Botte, dans des conditions climatiques drastiquement différentes (moyenne de 25 degrés en Arabie saoudite à cette période contre 10 degrés en Italie). Génial, non ? « C’est une superbe opportunité », avance Luigi De Siervo, l’administrateur délégué de la Serie A.

Par opportunité, comprenez le pognon, comme lui-même s’en réjouit : « Avec une Supercoupe en Arabie saoudite, nos clubs participants vont toucher pas moins de 23 millions d’euros. » Sans oublier les droits TV, le naming et le merchandising, qui feront grossir l’enveloppe à 26 millions d’euros.

« Celui qui veut jouer en Arabie saoudite est un imbécile »
Les mois passent, et hormis quelques joueurs et entraîneurs mécontents d’aller jouer à 5000 kilomètres en plein mois de janvier (dont Simone Inzaghi), les têtes pensantes se réjouissent. Oui, mais voilà, les choses se sont tendues ces derniers jours. Si en avril dernier, tout allait bien pour le Napoli, ce n’est plus vraiment le cas six mois plus tard. Et forcément, son président Aurelio De Laurentiis n’est pas d’humeur joviale. Pour préparer au mieux cette Supercoppa en terre saoudienne qui approche à grands pas, la Lega Serie

A a réuni ce lundi les dirigeants des quatre clubs participants en annonçant une petite modification. Initialement prévu du 4 au 8 janvier 2024, le minitournoi se déroulera finalement du 21 au 25 janvier, sur ordre du Royaume saoudien. Un point sur lequel le président napolitain s’est vivement opposé, rejoint par les dirigeants de la Fiorentina. Pour De Laurentiis, il est inenvisageable de jouer deux matchs en Arabie saoudite, trois semaines avant un tour de Coupe d’Europe. Un autre désaccord concerne la répartition des droits TV, que les dirigeants napolitains et florentins jugent incohérente.

Mais c’est un autre point qui inquiète les directions napolitaine et florentine : l’intensification des tensions ces derniers jours entre Israël et le Hamas, qui pourrait donc avoir des conséquences en matière de sécurité au Moyen-Orient, et donc en Arabie saoudite. D’autant plus que Mohammed ben Salmane, le prince héritier d’Arabie saoudite, a affirmé son soutien au président palestinien Mahmūd Abbās. Comme le soulignent le Corriere dello Sport ainsi que la Repubblica, le Napoli n’aurait pas l’intention de se rendre en Arabie saoudite pour prendre part à la compétition.

Invité à une conférence intitulée Confindustria, le président napolitain a maintenu sa position : « Celui qui veut aller jouer en Arabie saoudite actuellement est un imbécile. Vous avez vu ce qui se passe en Israël ? Il pourrait y avoir un blocus aérien sur plusieurs territoires, dont le saoudien. Vous imaginez transporter plus de 120 joueurs de renom dans quatre avions ? Tout ça pour gagner quelques millions en plus… Faisons-le à l’Olimpico ! Je ne boycotte pas, je dis simplement qu’il faut réfléchir. »

Un argument pas recevable pour la Lega Serie A, bien décidée à maintenir cette édition en Arabie saoudite. Selon la Gazzetta dello Sport, le Napoli et la Fiorentina sont dans l’obligation d’honorer leurs engagements. Si cela n’est pas le cas, ils pourraient bien être sanctionnés, économiquement, mais aussi sportivement. Bienvenue en 2023.

sofoot

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