Plusieurs tentatives de départ depuis les plages du Quend, sous le Touquet, dans la Somme, ont été empêchées dans la nuit du 7 au 8 octobre. Près de 150 personnes ont été interpellées. Pour esquiver les patrouilles de forces de l’ordre déployées dans le Pas-de-Calais, les zones de départ se déplacent de plus en plus au sud.
Trois tentatives de traversées de la Manche vers le Royaume-Uni ont été empêchées par les gendarmes au départ des plages de Quend, dans la baie de Somme, dans la nuit du 7 au 8 octobre. Cent cinquante-deux exilés ont ainsi été interpellés, alors qu’ils tentaient de monter dans les embarcations.
Un autre canot d’une dizaine de personnes, partie de la Baie d’Authie, a réussi à échapper à la vigilance des gendarmes, rapporte Le Journal d’Abbeville. D’autres départs ont eu lieu dans la zone, jusqu’à Étaples, rapporte La Voix du Nord.
Une vérification du statut administratif des migrants interpellés par la gendarmerie a été effectuée. Au mois d’août déjà, 11 exilés avaient été arrêtés à Quend, par la gendarmerie en patrouille le long du littoral, suspectant une tentative de départ. La préfecture avait alors indiqué à France 3 Picardie sa volonté de contrôler systématiquement la situation administrative des interpellés : « Des mesures d’éloignement sont systématiquement prononcées à l’encontre des personnes en situation irrégulière pour prévenir de futures tentatives de traversée », affirmait-elle.
Des zones de départ qui se déplacent vers la Normandie
Quend se situe à environ 30 kilomètres au sud du Touquet, commune accolée à Étaples ; et à 15 kilomètres au sud de Berck. Signe que les zones de départs en small boats se déplacent de plus en plus au sud, jusqu’au département de la Somme, pour éviter les patrouilles des forces de l’ordre sur les plages du Pas-de-Calais.
En 2021, pour la première fois, une embarcation avait fait naufrage et avait été secourue au large des plages de Quend. Un événement resté très rare. Plus pour longtemps : la pression exercée par les forces de l’ordre pousse en effet les exilés à chercher d’autres voies de passage, notamment dans la Somme.
« Ce n’est pas le plus près, évidemment », a reconnu Marc Véran, préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord, lors d’une conférence de presse tenue mercredi 11 octobre. « C’est plus difficile d’atteindre la Grande-Bretagne. Les migrants essayent donc de monter dans des ferrys », à bord de camions depuis des villes comme Dieppe ou Ouistreham.
29 8000 tentatives de départ depuis le début de l’année
Lors de cette conférence de presse, le préfet maritime a annoncé que 29 800 tentatives de traversées de la Manche avaient été décomptées depuis le début de l’année. « C’est 25 % de moins qu’en 2022, grâce à l’action des forces de sécurité, empêchant ou tentant d’empêcher les gens de prendre la mer », s’est-il félicité. « Mais c’est toujours trop ».
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a également mis en avant cette baisse des traversées par rapport à 2022, et le fait qu’il y ait « quinze fois moins de migrants cette année sur la Côte d’Opale ou dans le Dunkerquois » par rapport à l’époque de la Jungle de Calais, lors d’une interview sur France Bleu Nord le 9 octobre.
Surtout, le ministre de l’Intérieur a mis en avant le problème de l’absence de voie légale pour se rendre au Royaume-Uni. « Il faut un accord international entre l’Union européenne, pas simplement la France, la Grande-Bretagne, pour permettre (…) de demander l’asile, voire rejoindre sa femme, ses enfants, son père, et puis éventuellement d’être renvoyé dans son pays d’origine », a-t-il soutenu. « Tant que la Grande-Bretagne ne fera pas ça (…) alors il y aura toujours ces drames », en référence au naufrage du 12 août ainsi qu’aux corps récemment retrouvés sur les plages.
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