Manaus suffoque: la capitale de l’Amazonie brésilienne est depuis des jours envahie par la fumée d’incendies provoqués à des fins de déforestation par des « criminels » ciblés vendredi par la ministre de l’Environnement.
Vue du théâtre de Manaus, capitale de l’Amazonie brésilienne envahie depuis des jours envahie par la fumée d’incendies provoqués à des fins de déforestation
Depuis mercredi, les incendies dans la région de Manaus nimbent d’une fumée grise la ville de quelque deux millions d’habitants. Dans les rues, certains portent un masque pour se protéger.
Du fait de ces fumées, l’air dans la capitale de l’Etat d’Amazonas (nord) comptait parmi les moins sains au monde, selon le site spécialisé World Air Quality Index.
Marcio Garcia, un responsable du ministère de la Santé, a averti que les fumées qui accablent Manaus font courir des « risques importants » et a appelé la population locale à éviter au maximum de s’y exposer.
« Cette fumée nous fait du mal. Les gens ne savent pas ce qu’ils font en brûlant la forêt, beaucoup d’animaux meurent », témoigne Maria Luiza Reis, une habitante de Manaus âgée de 72 ans, obligée de porter un masque « pour ne pas respirer cet air toxique ».
Il s’agit de l’un des pires mois d’octobre quant au nombre de foyers d’incendie observés dans l’Amazonas ces 25 dernières années, d’après l’Institut national de recherches spatiales (Inpe).
Cet institut brésilien avait enregistré jeudi 2.770 foyers actifs depuis le début du mois d’octobre, une hausse de 154% par rapport à la même période l’an dernier.
Face à l’urgence, le gouvernement a annoncé vendredi l’envoi de deux hélicoptères et de 149 personnes supplémentaires, qui viendront s’ajouter aux 140 déjà déployées pour lutter contre les incendies.
En plus de ces feux, la région subit une sécheresse d’une gravité exceptionnelle qui a porté le niveau des cours d’eau à un seuil critique. Un demi-million de personnes en subissent l’impact, pour le transport ou l’approvisionnement.
La ministre de l’Environnement Marina Silva s’est insurgée contre les incendies, lors d’une conférence de presse à Brasilia.
« Il n’y a pas de feu naturel en Amazonie », a-t-elle lancé, en ciblant les « criminels » qui recourent aux incendies pour déboiser à des fins agricoles.
Depuis le début de l’année et le retour au pouvoir du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, la déforestation a baissé de près de 50% par rapport à la même période en 2022.
Mais la situation est aujourd’hui d’une « extrême gravité » a souligné la ministre.
« Se croisent trois facteurs: la grande sécheresse provoquée par El Niño, la matière organique sèche en grande quantité, et les incendies de type criminel », a-t-elle souligné.
AFP