Cela fait plus d’un an que les deux Congo ont demandé l’intégration de la rumba congolaise sur la liste du patrimoine immatériel de l’UNESCO. Comment ce dossier avance-t-il au sein de l’instance onusienne.
La rumba congolaise est certainement l’un des genres musicaux les plus populaires en Afrique et dans le monde. Au Congo-Brazzaville comme dans la République démocratique du Congo (RDC), elle domine la scène musicale. Le fiat que la rumba congolaise soit chantée en lingala, et qu’elle soit intimement liée à la culture des deux pays, ne l’a pas empêchée de conquérir la scène mondiale.
Depuis mars 2020, un comité conjoint des deux Congo a présenté la candidature de la rumba congolaise à l’UNESCO. Les travaux ont pris des mois. Et l’impact de la rumba congolaise sur la culture a été analysé scrupuleusement. La rumba congolaise serait, si l’UNESCO la valide, le troisième genre musical africain à intégrer la liste du patrimoine immatériel de l’humanité.
Selon le professeur André Mudaba, le directeur général de l’Institut national des arts de Kinshasa, le dossier « avance bien ». Toutefois, le retard est tout de même curieux. L’UNESCO a justifié la lenteur de la procédure par le contexte sanitaire de la pandémie de la Covid-19. Cependant, la pandémie n’a pas empêché l’instance onusienne de se prononcer sur une bonne dizaine de demandes en 2020.
Rappelons que lorsqu’il s’agit de musique africaine, l’UNESCO est plutôt hésitante. A vrai dire, les deux autres genres musicaux africains inscrits au patrimoine de l’UNESCO, la musique pygmée de la RCA et la Tambour de Burundi, sont moins populaires que la rumba congolaise. Aussi, faut-il le souligner, l’UNESCO se montrait réticente à considérer la musique, en général, comme patrimoine immatériel.
La difficulté de la reconnaissance de la rumba congolaise, injustifiée ?
Pourtant, la musique s’inscrit sous le même statut que les savoirs faire et les rituels. A l’image des « arts du spectacle », où la définition est assez floue. Par exemple, l’UNESCO avait refusé une première candidature du rai nord-africain. La candidature présentée par l’Algérie manquerait, selon l’UNESCO, d’éléments pertinents. Une deuxième candidature est actuellement en suspens.
Bien que le rai suscite quelques soucis, en l’occurrence entre le Maroc et l’Algérie, la rumba congolaise est plus consensuelle. La culture du Congo et de la RDC est sensiblement la même au niveau artistique. Donc aucun problème politique n’a entravé la candidature conjointe des deux pays.
On pourrait donc bien se demander ce qui prend si longtemps à vérifier ? La rumba congolaise est si authentique que le public l’attribue automatiquement aux chanteurs congolais. La provenance, les influences et le rythme unique de la rumba congolaise ne font l’objet d’aucun doute. Quant à la pertinence du genre musical, le succès de Koffi Olomidé, Madilu System ou plus récemment Fally Ipupa, la démontre bien. Les Latin-Lover n’ont plus le monopole de la musique romantique. En tout cas, dans les pays francophones et les pays africains, la rumba congolaise a pris la place du reggaeton dans les fêtes et celle de la musique classique sur le terrain de la séduction.
Les autorités du Congo et de la RDC ont annoncé que la démarche aura une réponse avant la fin de 2021. Cependant, la vigilance exhaustive de l’UNESCO impose une malheureuse tendance dans la considération de la culture africaine. On pourrait même s’aventurer à dire que si la musique n’est pas assez « exotique » pour les spécialistes onusiens, elle n’est pas reconnue pour son importance à la culture de l’humanité. La pop nigériane emboîterait-elle le pas à la rumba congolaise ?
Source: lejournaldelafrique
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