Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev s’est rendu pour la première fois dimanche à Stepanakert, la capitale du Haut-Karabakh, région reprise par l’Azerbaïdjan aux séparatistes arméniens en septembre. Il a hissé le drapeau azerbaïdjanais sur la place centrale de la ville, marquant ainsi la souveraineté de son pays sur cette région.
Une visite symbolique. Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev s’est rendu dimanche 15 octobre pour la première fois à Stepanakert, la capitale du Haut-Karabakh, région reprise en septembre aux séparatistes arméniens à l’issue d’une offensive militaire éclair de Bakou.
« Ilham Aliev a hissé le drapeau national de l’Azerbaïdjan dans la ville de Khankendi (le nom azerbaïdjanais de Stepanakert, ndlr) et a prononcé un discours », a indiqué la présidence dans un bref communiqué. Ses propos sur place n’ont pas été rapportés par la présidence dans l’immédiat.
C’est la première fois qu’Ilham Aliev, 61 ans, se rend dans la capitale du Haut-Karabakh depuis que la région était tombée aux mains des séparatistes arméniens dans les années 1990. Le dirigeant avait, lui, accédé au pouvoir en 2003, succédant à son père Heydar Aliev.
Un déplacement inédit et surprise
Habillé d’un treillis militaire kaki et d’un tee-shirt noir selon des images publiées par ses services, le dirigeant a également hissé le drapeau aux trois bandes horizontales – bleu ciel, rouge, verte – dans d’autres localités du Haut-Karabakh, à l’occasion de ce déplacement inédit et surprise.
Bakou a remporté il y a moins d’un mois une victoire militaire en 24 heures face aux séparatistes arméniens du Haut-Karabakh, qui s’est depuis vidé d’une immense partie de sa population.
Avant cela, l’Azerbaïdjan et l’Arménie s’étaient opposés lors de deux guerres pour le contrôle de cet enclave montagneuse, l’une dans les années 1990 à la dislocation de l’URSS, l’autre à l’automne 2020, remportée par Bakou.
La visite dimanche d’Ilham Aliev à Stepanakert et dans d’autres localités du Haut-Karabakh marque ainsi symboliquement la fin de ce conflit qui a vu s’affronter l’Azerbaïdjan et l’Arménie depuis leur indépendance il y a plus de trente ans.
Le fils et successeur du président Heydar Aliev – un ancien officier du KGB et dirigeant communiste qui avait gouverné le pays presque sans interruption de 1969 à 2003 – a ainsi réussi la mission qu’il s’était fixée : réunifier son pays en reprenant le contrôle du Haut-Karabakh. Une consécration après vingt ans à la tête d’un régime dur qui ne tolère aucune opposition.
L’Arménie inquiète pour sa sécurité
Le soutien politique du président turc Recep Tayyip Erdogan, qui lui a vendu des armes, a indéniablement compté pour faire plier l’Arménie, soutien des séparatistes et ennemi historique d’Ankara.
Les tensions ne sont toutefois pas apaisées entre Bakou et Erevan. L’Arménie – qui accuse la Russie de l’avoir abandonné, ce que Moscou nie – s’inquiète désormais pour la sécurité de son propre territoire.
Dans ce contexte, le président arménien Vahagn Khatchatourian a signé samedi la ratification du statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI), un premier pas qui pourrait permettre à l’Arménie d’encourager les enquêtes sur ce qu’elle juge être les « crimes de guerre » de Bakou au Haut-Karabakh, des accusations balayées par l’Azerbaïdjan.
Mais l’Arménie espère surtout que son adhésion lui offrira une protection supplémentaire contre son puissant voisin azerbaïdjanais.
À l’initiative de l’Union européenne, Ilham Aliev et le Premier ministre arménien Nikol Pachinian pourraient se retrouver d’ici la fin du mois d’octobre à Bruxelles pour tenter de réduire les fortes tensions entre leurs deux pays.
Par ailleurs, le pape François a lancé dimanche un appel à préserver le patrimoine religieux du Haut-Karabakh, en particulier ses vieux monastères, face à l’incertitude entraînée par la reprise de la région par l’Azerbaïdjan.
AFP