Le ministère de l’Intérieur prépare l’organisation de plusieurs vols de rapatriement de migrants sénégalais, depuis l’archipel des Canaries. Le premier avion devrait décoller d’ici la fin du mois d’octobre, avec plus d’une centaine de personnes à bord, direction Dakar.
À peine arrivés, il leur faudra déjà prendre le chemin du retour. Le ministère espagnol de l’Intérieur travaille en ce moment à l’organisation d' »une série » de vols pour ramener des migrants au Sénégal depuis les îles Canaries, ont confirmé des sources policières à El Periodico de España.
Le premier vol retour devrait décoller « avant la fin du mois » depuis un aéroport canarien, et non depuis le continent, direction Dakar. Sur les 19 507 personnes arrivées dans l’archipel depuis le début de l’année 2023 – soit une hausse de près de 20 % par rapport à la même période de 2022 – 90% sont de nationalité sénégalaise, explique le journal espagnol.
Le premier avion comptera « plus d’une centaine » de passagers à bord, accompagnés par la police : « un agent des Unités d’intervention policière (UIP) voyage pour deux étrangers arrivant en situation irrégulière et non acceptés par l’Espagne », précise le journal.
Les exilés à rapatrier seront choisis parmi les milliers de migrants arrivés en juillet et en août dernier, ainsi que ceux débarqués ces dernières semaines à El Hierro. La semaine dernière, plus de 1 200 personnes ont débarqué sur cette petite île de 300 kilomètres carrés, à l’ouest de l’archipel des Canaries.
Ces rapatriements rapides sont rendus possible par un accord signé entre Madrid et Dakar, qui autorise le retour au Sénégal de tous les migrants arrivés illégalement sur le territoire espagnol qui ne se trouvent pas dans une situation particulièrement vulnérable – enfants, personnes âgées, malades – ou dont la situation ne justifie pas l’asile.
C’est grâce à cet accord qu’un patrouilleur de la Garde civile a pu rapatrier au Sénégal, le 29 août dernier, 168 migrants secourus quelques jours plus tôt au large des côtes mauritaniennes. Nouakchott avait refusé de les accueillir, créant une attente difficilement supportable pour les migrants comme pour les garde-côtes espagnols.
Un mois d’octobre « historique »
Depuis cet été, les traversées par la route migratoire des Canaries se sont multipliées. Et malgré l’automne, une saison d’ordinaire moins propice aux départs, les arrivées ne tarissent pas, au contraire. Les chiffres relevés au mois d’octobre sont « historiques », assure El Periodico de España. Ce passage en plein océan Atlantique « enregistre un trafic de bateaux sans précédent depuis la crise des cayucos [pirogue, en espagnol ndlr] en 2006, année record en nombre d’arrivées », affirme-t-il.
Ainsi, 53 bateaux avec 4 531 personnes à bord ont atteint les côtes des Canaries entre le 1er et le 10 octobre, soit 503 personnes par jour.
« Bien sûr, ces arrivées ne sont pas tout à fait normales », a admis à InfoMigrants Iñigo Vila, chef du département de gestion des catastrophes de la Croix-Rouge espagnole. Mais loin d’être alarmiste, le responsable nuance la situation. « Lorsque l’on voyait en 2021 des milliers de personnes dormir dehors à Grande Canarie, que nos capacités d’accueil et de transferts étaient dépassées, là, c’était une crise humanitaire.
Mais aujourd’hui, je ne parlerais pas de crise. » Certes, ces derniers jours, « les arrivées augmentent, nous travaillons dur, mais les capacités sont encore suffisantes » pour prendre en charge les personnes, a-t-il assuré.
En réponse à la situation, la Fédération des îles Canaries (Fecai) a demandé de son côté à l’État d’améliorer sa réponse à la crise migratoire. Mercredi 11 octobre, son président, Casimiro Curbelo, a exigé le « redimensionnement des ressources actuelles pour pouvoir absorber l’augmentation » des arrivées, ainsi qu’une « optimisation des protocoles de rapatriement et d’accueil ».
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