Un essai clinique de phase 3 mené aux Etats-Unis et en Israël a confirmé que les thérapies associées à une prise du principe actif de l’ecstasy, la MDMA, réduisait de façon significative et durablement les troubles du stress post-traumatique modérés à sévères.
Le MDMA, un dérivé d’amphétamine devenu célèbre dans les rave party sous la forme de cachets d’ecstasy, dope l’efficacité de la psychothérapie pour le traitement des troubles du stress post-traumatique (TSPT), selon une étude clinique américaine publiée dans la revue Nature Medicine.
Actuellement, le TPST consécutif à un grave traumatisme psychologique vécu durant l’enfance ou lors de violences à l’âge adulte se traite par une psychothérapie de type cognitivo-comportementale ou par l’EMDR (Eye movement desensitization and reprocessing ou, en français, intégration neuro-émotionnelle par les mouvements oculaires) et la prise en parallèle d’antidépresseurs ou de neuroleptiques pour soulager les symptômes qui l’accompagnent. Cette approche échoue néanmoins dans beaucoup de cas, quand l’émotion liée au souvenir ne peut être gérée par le patient et mine sa vie quotidienne.
La moitié des patients en rémission
La psychothérapie utilisée dans l’essai clinique de phase 3 conduit par l’Université de Californie San Francisco (Etats-Unis) avait pour but de rendre la personne apte à affronter le souvenir traumatique au cours de sa restitution par la parole à un interlocuteur à l’écoute et bienveillant. Pour faciliter cet échange avec un professionnel, les chercheurs ont donné avant chaque séance aux patients de la MDMA, une drogue qui réduit les sentiments de peur ou de menace et qui stimule la sociabilité.
Après trois journées de psychothérapie sous MDMA espacées d’un mois, près de la moitié des patients testés étaient en rémission, soit le double de ceux ayant reçu un placebo à la place de la MDMA. Ces résultats, soulignent les chercheurs, ont été obtenus chez tous les types de patients, quel que soit le degré de gravité de leur TSPT, leur origine ethnique ou leur sexe.
Un bénéfice durable contre le stress post-traumatique
De plus, les bénéfices de cette psychothérapie assistée par MDMA sont apparus aussi durables un an après. Un bémol doit cependant être apporté à ces conclusions : les participants de l’expérience savaient rapidement s’ils avaient pris de la MDMA ou un placebo, ce qui lui fait perdre son effet potentiel et remet en cause un critère d’admission de la MDMA comme médicament par la FDA, l’agence du médicament américaine.
L’Australie a pourtant déjà franchi le pas en étant le premier pays à admettre cette année le psychotrope dans le traitement du TSPT. Dans les autres pays, la MDMA devra être utilisé dans le cadre d’une psychothérapie bien définie pour avoir une chance d’entamer une nouvelle carrière médicale.
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