L’idée d’un reboot complet du Marvel Cinematic Universe commence à faire son chemin.
La licence lancée en 2008 avec Iron Man a donné naissance à 32 films, portés par des centaines de personnages issus des comics. Autour du noyau dur, les Avengers, ce sont toute une galerie de super-héros qui évoluent régulièrement sur le grand écran et le petit. Après avoir confronté ses héros à un titan aux aptitudes divines et un plan qui l’est tout autant, le Marvel Cinematic Universe explore la notion de multivers.
Comme dans les comics, il s’agit pour l’univers de proposer différentes itérations de ses héros, de jouer avec les attentes de spectateurs. Doctor Strange in the Multiverse of Madness et Spider-Man : No Way Home avaient tous deux explorer cette idée sur le grand écran, tout en restant en surface pour assurer un aspect inédit aux prochains films Avengers. Kang Dynasty et Secret Wars doivent faire office de conclusion à ces nouvelles phases, et sans doute inaugurer une nouvelle ère pour l’écurie.
Invitée du podcast The Watch, pour la sortie de son livre Le Règne de Marvel, l’autrice Joanna Robinson a présenté son projet aux auditeurs. À travers son ouvrage, elle dépeint plus d’une décennie de productions audiovisuelles aux recettes astronomiques, un univers tentaculaire qui semble avoir l’intention de rester sur le devant de la scène encore longtemps.
Au micro de Bill Simmons, elle s’est aussi exprimé sur ce que l’avenir pourrait réserver à la licence au logo écarlate. Selon elle, une citation de Kevin Feige laisse entendre qu’un soft reboot est en réflexion. Elle indique :
“Nous avons une phrase de Kevin Feige qui parait indiquer que Secret Wars servir de ‘soft reboot’. Ils pourront élaguer et garder tout ce qui fonctionne, ou ramener des personnages que vous pensiez partis pour toujours”.
Alors que Marvel n’est plus vraiment en odeur de sainteté depuis quelque temps, les échecs de Secret Invasion et Ant-Man et la Guêpe : Quantumania ne sont pas engageants, le MCU doit-il vraiment repartir de zéro ? “Même après 32 films, on a l’impression de n’avoir qu’effleuré la surface” confiait récemment Kevin Feige à Variety, preuve s’il en fallait une que le producteur est encore loin de la retraite.
Loki prépare le terrain
La série Loki est sans conteste l’une des plus belles réussites du Marvel Cinematic Universe sur Disney+. Avec sa première saison, la licence ouvrait les portes du multivers et introduisait les concepts qui seront exploités plus tard au cinéma. Cette seconde saison adopte la même démarche, mais de manière plus franche.
Au fil de ses voyages temporels, le frère adoptif de Thor voit apparaître un schéma qui se répète et qui pourrait confirmer l’aspect cyclique du MCU. Ce second chapitre, diffusé la semaine dernière, est d’ailleurs baptisé “Ouroboros” en référence au serpent mythologique qui symbolise un développement qui amène à un retour à la situation initiale.
La “chronologie sacrée” n’est qu’une boucle, vouée à se répéter au fil des âges. Ainsi, Marvel pourrait décider de reprendre son voyage dès le début, avec Iron Man par exemple. La guerre du multivers pourrait ainsi ne pas être remportée par nos héros, qui seront contraints de repartir aux origines de leur monde sans en avoir aucune connaissance. Seul le spectateur sera conscient du voyage entamé quinze ans plus tôt, comme une figure divine omnisciente, il pourra voir les événements se rejouer devant ses yeux, et observer ce que d’infimes différences peuvent entraîner.
Une ardoise vierge
Faire vivre des personnages au sein d’un univers connecté pendant plus de quinze ans est un exploit. Sous la direction de Kevin Feige, c’est une saga aux nombreuses ramifications qui a éclos, offrant de véritables moments de liesse aux spectateurs. On se souvient encore des hurlements de joie émis par les fans à l’avant-première de la dernière réunion de super-héros en date. Mais une telle narration exige une certaine rigueur et ne peut pas se faire sans quelques erreurs de parcours, que Marvel pourrait avoir l’opportunité de gommer avec un tel reboot.
Des éléments qui ont fait la controverse effacés, un approfondissement de certains parcours ou au contraire un abandon des protagonistes qui ne réunissent pas les spectateurs, le MCU pourrait s’offrir un petit lifting. Ce choix pourrait faire sens, si ce n’est que le problème semble être ailleurs. Et si tout simplement, les créateurs et réalisateurs ne trouvaient plus rien à raconter ? Ou n’avait pas l’opportunité de le faire comme ils le veulent ?
Un univers déconnecté
Si les premiers films du Marvel Cinematic Universe ont évolué dans un univers encore balbutiant et donc avec une certaine liberté, le Marvel Cinematic Universe s’est peu à peu transformé en une immense machine capable d’écraser ses réalisateurs et artistes sous le poids d’un épais cahier des charges.
Si l’entreprise s’en défend, elle mène ses équipes à la baguette. En s’emparant d’un héros, les auteurs ne paraissent bénéficier que d’une infime marge de manœuvre et doivent composer avec les plans de l’estampille pour chacun des protagonistes.
Des cases à cocher, des projets qui passent de mains en mains, le cinéma à la Marvel est industriel. Ces nouveaux produits de grande consommation, certains ne manquent pas d’intérêt, peine à se démarquer et doivent souffrir la comparaison avec leurs prédécesseurs. Et si ce “soft reboot” était l’occasion de confiner les super-héros dans leurs univers et mythologies ?
Werewolf by Night est l’exemple type de ces réussites, de ces films qui se contentent d’avoir une histoire à raconter et de plonger les spectateurs dans leurs univers.
L’idée est séduisante. Le MCU aurait tout intérêt à confier pleinement les rênes aux cinéastes qui veulent adapter ses héros de papier. Joker et The Batman ont prouvé que s’écarter des prérequis, et n’avoir aucune intention de coller à une intrigue plus vaste, pouvait faire des miracles.
Si DC ambitionne tout de même d’ouvrir prochainement les portes de son nouvel univers cinématographique, la bannière Elseworld est sans doute celle qui nous passionne le plus. Dans le même temps, la prouesse artistique de Spider-Man into the Spider-Verse a suffi à faire du film d’animation et surtout de son héros un emblème de la culture populaire.
Miles Morales s’est en quelques années imposées comme un super-héros acclamé, au même titre que Peter Parker. Pendant ce temps-là, des propositions plus classiques, chez Marvel comme chez DC, ont été boudées. Il suffit d’un regard aux chiffres de Shazam! La Rage des Dieux et The Flash (qui avait pourtant basé son marketing sur le retour d’un Batman légendaire) pour se convaincre que la fatigue liée au super-héros chez le public n’est pas essentiellement liée aux héros eux-mêmes.
Screen Rant / The Watch