Haïti: des figures politiques visées par les experts de l’ONU, mais pas sanctionnées par le Conseil

Le Conseil de sécurité de l’ONU a renouvelé jeudi 19 octobre le régime de sanctions et d’embargo sur des armes légères en Haïti pour un an, mais sans tenir compte des révélations « explosives » de son panel d’experts et sans ajouter de noms à la liste des personnes sanctionnées.

Depuis un an, un seul nom sur cette liste, celui de l’ancien policier devenu chef influent d’une alliance de gangs, Jimmy Chérizier, surnommé Barbecue. Il est visé par des gels d’avoirs et des interdictions de voyage. Pourtant, le panel d’experts des sanctions a recommandé de sanctionner plus d’individus soupçonnés d’être liés aux gangs et sont des personnalités de l’élite politique et économique de Haïti.

Après sa visite et son enquête, le panel d’experts a listé de très influentes personnalités reconnues ayant des liens avec les gangs haïtiens qui sèment le chaos dans le pays et contrôlent 80% de Port-au-Prince. Leurs noms viennent d’être rendus publics, relate notre correspondante à New-York, Carrie Nooten.

Parmi les cibles du rapport, quatre figures très connues sont accusées d’avoir armé ou utilisé les gangs : l’ancien président Michel Martelly en personne, tout d’abord : selon le panel de l’ONU, il a utilisé ces bandes armées pour étendre son influence lors de son mandat entre 2011 et 2016.

Sont visés aussi l’ancien sénateur et chef du Sénat Youri Latortue, le chef de parti Prophane Victor et l’homme d’affaires influent Reybold Deeb. L’ancien Premier ministre de Michel Martelly, Laurent Lamothe, est lui accusé d’avoir détourné des millions de dollars de fonds publics destinés aux victimes du séisme.

La « terreur généralisée » des gangs
Pour autant, certains membres du Conseil ont pour l’instant refusé de les ajouter à la liste des sanctionnés, arguant ne pas avoir eu assez de temps pour vérifier ces informations. La Chine, le Brésil et les États-Unis ont insisté pour que ces noms soient ajoutés.

Le Conseil de sécurité avait donné le 2 octobre son feu vert à l’envoi en Haïti d’une mission multinationale menée par le Kenya pour épauler la police dépassée par les gangs, une « lueur d’espoir » selon ce pays pauvre des Caraïbes, dont le président Jovenel Moïse avait été assassiné à l’été 2021

Viols utilisés comme armes de terreur, snipers sur les toits, personnes brûlées vives, enlèvements contre rançons… Alors que la violence des gangs qui contrôlent la majorité de la capitale Port-au-Prince ne cesse de s’aggraver, le Premier ministre Ariel Henry et le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres réclamaient depuis octobre 2022 l’envoi d’une mission de soutien à la police.

Le 11 octobre, dans un entretien à l’AFP, le directeur de la police locale Frantz Elbé avait exprimé l’espoir que cette force multinationale aide ses services à lutter contre la « terreur généralisée » des gangs.

AFP

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