La droite populiste suisse est la grande gagnante des élections législatives ce dimanche, à 29,2% des voix, dans un contexte de crise migratoire européenne et de résurgence des risques d’attentats en Europe, selon les premières projections, qui confirment aussi le recul attendu des partis écologistes.
Tous les résultats ne sont pas encore connus, notamment au Conseil des États, l’équivalent du Sénat en Suisse, mais pour la chambre basse, c’est plié. L’UDC empoche 61 des 200 sièges. C’est du jamais-vu, pointe notre correspondant à Genève, Jérémie Lanche. « C’est une grande satisfaction », a réagi la vice-présidente de l’Union démocratique du centre (UDC), Céline Amaudruz, sur le plateau de la télévision suisse publique RTS.
Le parti va pouvoir imposer encore un peu plus ses thèmes de prédilection : la lutte contre « l’immigration de masse », la sécurité, le rejet de l’UE et le respect de la plus stricte neutralité dans les relations de la Suisse avec l’étranger. Pour cela, il lui faudra tout de même de nouer des alliances, notamment avec la droite libérale (14,5%) qui n’hésite plus à s’allier désormais avec l’UDC pour sauver les meubles.
Pendant la campagne, le parti a été accusé de flirter avec l’extrême-droite, mais le discours de l’UDC – premier parti depuis 1999 – continue de séduire la population. L’UDC s’était fixé pour objectif de récupérer les quelque 100 000 électeurs perdus il y a quatre ans, avait confié à l’AFP le président du parti, Marco Chiesa, avant les élections. Le pari semble être réussi, puisque le résultat est proche des 29,4% obtenus en 2015, en pleine crise migratoire européenne.
Échec du bloc de gauche
En face, le bloc de gauche s’effrite. Le Parti socialiste reste le 2e parti du pays avec plus de 17% des voix, mais ses alliés écologistes perdent quasiment tous leurs gains obtenus lors de la vague verte des dernières élections (9,1% pour les Verts et 7,1% pour les Vert’libéraux. C’est un paradoxe. Alors que le changement climatique était cité comme l’une des préoccupations principales par les électeurs avec les coûts en hausse de la santé et l’immigration.
« C’est une déception », a réagi le vice-président des Verts, Nicolas Walder, soulignant que « c’est à peu près deux tiers de la vague verte » des élections de 2019 qui a reflué. « Je crois que la population a été amenée vers d’autres priorités », comme le pouvoir d’achat et l’insécurité, a-t-il dit. « Il y a beaucoup de guerres en cours et il y a un repli identitaire ».
L’ensemble des parlementaires désigneront le 13 décembre les sept membres du Conseil fédéral (gouvernement), au sein duquel les quatre premiers partis se partagent les sept portefeuilles ministériels. Les Verts ont peu de chances d’y obtenir leur premier siège au vu des sondages.
AFP