Seulement quelques mois après être devenue la quatrième puissance spatiale à poser sur la Lune un engin robotique, l’Inde continue de nous enthousiasmer. Cette fois-ci, pas de sonde spatiale mais une jolie démonstration technologique du bon fonctionnement de la tour d’éjection de sa future capsule habitée. Cette tour est un élément important de la sécurité des astronautes lors du décollage. Nos explications.
Alors que l’Agence spatiale européenne (ESA) semble vouloir faire l’impasse sur l’autonomie dans le domaine des vols habités, préférant la coopération internationale et le transport de fret spatial, l’Inde a une vision très différente de celle des Européens. Avec les moyens financiers qu’on lui connaît, sans commune mesure avec ceux de l’Europe, mais avec une armée d’ingénieurs et de techniciens très qualifiés, l’Inde s’est dotée d’un programme de vols habités très ambitieux avec en ligne de mire une mission habitée sur la Lune d’ici 2040.
Même si ce programme, baptisé Gaganyaan, repose en grande partie sur l’adaptation de technologies existantes plutôt que sur de l’innovation, il s’agit tout de même d’un véritable exploit pour cette puissance spatiale récente. Rappelons que cet été l’Inde est devenue la quatrième puissance spatiale à poser un engin robotique sur la Lune (Chandrayaan 3), après la Russie, les États-Unis et la Chine.
Mission Gaganyaan:
TV-D1 Test FlightThe test flight can be watched LIVE
from 0730 Hrs. IST
on October 21, 2023
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Un premier vol habité en 2025
Initialement prévu au début de la décennie, ce premier vol habité a été reporté à plusieurs reprises. En 2022, l’Inde le souhaitait pour fêter le 75e anniversaire de l’indépendance indienne. Il est aujourd’hui prévu en 2025. Il sera réalisé dans le cadre du programme Gaganyaan qui prévoit trois vols habités en orbite basse. L’agence spatiale indienne Isro a donné quelques informations sur cette première mission (Gaganyaan 1) qui devrait voir un équipage de deux ou trois « gaganautes » (nom donné aux astronautes indiens), avec peut-être une femme, séjourner trois jours en orbite avant de redescendre sur Terre, dans les eaux territoriales indiennes.
Un système d’éjection pour garantir la vie des astronautes
Samedi, l’Isro a aussi réalisé le test du système d’éjection de sa future capsule habitée lors du vol TV-D1 (CES, Crew Escape System). Ce système se présente sous la forme d’une tour d’éjection située au sommet de la capsule. Il est similaire dans son architecture aux tours d’éjection qu’utilisent les Russes pour les capsules Soyouz et les Américains pour le véhicule Orion.
Quant à SpaceX, il a fait un choix très différent et plutôt que d’utiliser une tour d’éjection, l’entreprise a opté pour un système à plusieurs moteurs répartis tout autour du Crew Dragon.
Ce test réussi du système de sauvegarde et de sa tour d’éjection représente une avancée importante car, le décollage reste l’une des phases les plus critiques d’un vol habité. En cas de défaillance du lanceur, la capsule spatiale est équipée d’un système d’éjection qui garantit la sécurité des astronautes à bord en éloignant la capsule rapidement et de manière la plus stable possible du lanceur.
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— BladudX (@BladudX) October 21, 2023
Une tour d’éjection opérationnelle
Le booster utilisé pour ce vol n’est évidemment pas la fusée qui sera utilisée pour envoyer les astronautes en orbite. Mais il est suffisamment puissant pour simuler un décollage représentatif d’un vol avec équipage. La tour d’éjection a été activée à 12 kilomètres d’altitude et a éjecté un prototype de capsule à l’échelle 1 du booster. Cette dernière est ensuite redescendue sous trois parachutes vers le golfe du Bengale où la marine indienne l’a récupérée.
Pendant ce temps, alors que les États membres de l’Agence spatiale européenne semblent incapables, et peut-être ne parviendront jamais, à trouver un consensus sur une autonomie en matière de vol habité, l’ESA semble se satisfaire de son passé. Dans un tweet, elle a salué le vol habité de Claudie Haigneré, qui est devenue le 23 octobre 2001, la première Française dans l’espace, où elle a vécu et travaillé à bord de la Station spatiale internationale.
FUTURA