Manche : plus de 150 migrants secourus sur le littoral français

« Les traversées de la Manche ont repris après une semaine de temps venteux », annonce le correspondant de la BBC Simon Jones sur X (ex-Twitter). À la faveur de conditions météorologiques propices aux traversées, de nombreux migrants ont pris la mer lundi 23 octobre depuis plusieurs localités du littoral français, pour rejoindre les côtes anglaises.

Notamment depuis la plage de Sangatte, près de Calais. « Certains [exilés] ont été stoppés par la police mais, peu avant 11 heures, une embarcation qui transportait une quarantaine de personnes a tout de même été mise à l’eau », raconte La Voix du Nord. « La moitié d’entre elles portaient un gilet de sauvetage », tandis que « d’autres nageaient autour de l’embarcation et tentaient d’y grimper, sous le regard d’une vingtaine de policiers, équipés d’un quad et d’un drone ».

À cause d’une panne de moteur, le canot a ensuite dérivé au large durant plusieurs heures. Au cours de la journée, une embarcation transportant 41 migrants a été prise en charge par la Marine nationale, « mais la préfecture maritime n’était pas en mesure de nous confirmer ce lundi soir s’il s’agissait de ce même canot », écrit le journal.

La préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord (Premar) affirme, de son côté, dans un communiqué, avoir secouru, lundi dans la matinée, « près de 50 personnes » qui se trouvaient sur un bateau au large de Sangatte.

À la suite de cette première intervention, l’embarcation a tenté « une dernière remise en route » alors que huit passagers se trouvaient encore dessus. Ils ont été secourus « quelques heures plus tard » et la totalité des 58 passagers ont été déposés au port de Boulogne-sur-Mer en milieu d’après-midi et pris en charge par les secours, est-il précisé.

Cette même matinée, d’autres tentatives de traversée ont eu lieu plus au sud de la région. À Wimereux, 14 personnes, dont quatre enfants âgés de 2 à 13 ans, ont été découvertes trempées, après avoir échoué à prendre la mer. Des représentants de l’EPDAHAA (Établissement public départemental pour l’accueil du handicap et l’accompagnement vers l’autonomie), chargés de la mise à l’abri temporaire des personnes les plus fragiles, étaient sur place, ainsi que la gendarmerie et les sapeurs-pompiers. Des vêtements secs leur ont été distribués et aucun naufragé n’a été transporté à l’hôpital.

Une autre opération, à Wissant cette fois, a permis de porter secours à 12 migrants – « tous en état d’hypothermie », d’après La Voix du Nord – dont une femme libyenne enceinte de sept mois. Elle a été transportée à l’hôpital de Calais avec ses deux enfants de 3 et 5 ans.

Quelques heures plus tôt, au milieu de la nuit, le CROSS Gris-Nez avait engagé deux patrouilleurs pour porter assistance à une embarcation en difficulté au large de Gravelines, entre Calais et Dunkerque. Une trentaine de naufragés ont d’abord été récupérés par les autorités. « Les autres, refusant l’assistance », ont été laissés dans leur canot.

« Les naufragés restés à bord de l’embarcation ont tenté de regonfler les boudins et de poursuivre leur route vers la Grande-Bretagne, explique la PREMAR. Mais après près d’une heure de tentative, les 14 personnes encore à bord ont accepté d’être secourues ». En milieu de matinée, les 41 exilés ont été transférés au port de Calais.

« Tous les jours de nouveaux arrivants »

L’arrivée de l’automne et la multitude de moyens déployés par les autorités pour empêcher les traversées n’endiguent pas la détermination des exilés à prendre la mer. Lundi 16 octobre, 150 migrants ont été secourus au large de la côte d’Opale. Le même jour, 85 exilés répartis dans six « small boats » ont débarqué sur les côtes anglaises, d’après le Home Office.

Avant de s’engager dans la traversée, ces personnes ont transité plusieurs semaines, voire plusieurs mois, dans les camps informels du nord de la France. Celui de Loon-Plage, près de Dunkerque, est régulièrement évacué par les forces de l’ordre. Dernier démantèlement en date : jeudi 19 octobre, lorsque 2 000 personnes environ ont été sommées de quitter les lieux.

Selon Amélie Moyart, coordinatrice de l’association Utopia 56 à Grande-Synthe, la situation des migrants s’est considérablement compliquée ces dernières semaines dans la région. « Il y a tous les jours de nouveaux arrivants. Les associations sont débordées, on ne s’en sort pas. Et avec le froid qui arrive depuis cette semaine, c’est encore plus compliqué. On est descendus à 5-6 degrés ces jours-ci », avait-elle déploré auprès d’InfoMigrants.

Lorsqu'il pleut, le camp de Loon-Plage, à Grande-Synthe, n'est plus qu'un vaste terrain de boue. Crédit : InfoMigrants
Lorsqu’il pleut, le camp de Loon-Plage, à Grande-Synthe, n’est plus qu’un vaste terrain de boue. Crédit : InfoMigrants

 

Des conditions de vie très difficiles qui alimentent tensions et violences. Samedi 21 octobre, une fusillade a éclaté dans le camp de Loon-Plage, reformé quelques heures après l’évacuation de jeudi. D’après La Voix du Nord, « deux exilés kurdes ont reçu plusieurs balles dans les genoux ». Les deux blessés, dont le pronostic vital n’est pas engagé, ont été transportés à l’hôpital de Dunkerque.

Le tireur, lui, n’a pas été retrouvé. Selon le quotidien régional, les deux migrants blessés auraient « un vieux contentieux avec le tireur ». Il pourrait s’agir de « représailles suite à une ancienne rixe ».

Le 1er octobre, un autre règlement de compte avait eu lieu au même endroit. Un migrant avait reçu trois balles dans les jambes, et huit coups de couteau dans le dos.

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