ÉCONOMIE L’Insee, dans sa dernière étude sur la pauvreté dans la région Grand-Est, relate que près de 339.000 ménages sont sous le seuil de pauvreté, notamment les moins de 30 ans, avec de fortes disparités territoriales ou familiales
Dans un flot de chiffres ciblés qui n’a rien d’un air de fête, l’Insee vient de présenter ses analyses sur la pauvreté pour la région Grand-Est. S’ils sont basés sur l’année 2020, ils pointent sans surprise une situation difficile pour de nombreux Français, et placent le Grand-Est tout juste au-dessus de la moyenne nationale (14,4 %) avec 14,5 % de sa population qui vit sous le seuil de pauvreté, soit 339.000 ménages. Une pauvreté monétaire, dont le seuil est estimé à moins de 1.120 euros net par mois par personne.
Elle qui touche particulièrement les moins de 30 ans, surtout, les femmes, les familles monoparentales qui vivent dans les zones urbaines denses. Une pauvreté qui varie significativement en fonction aussi de l’âge, surtout dans les zones urbaines denses, où le taux atteint les 24,2 % pour les ménages dont le référent fiscal est âgé de moins de 30 ans, contre 8,8 % si celui-ci est âgé de 75 ans ou plus.
A noter que le nombre de personnes dites fragiles, c’est-à-dire autour du seuil de pauvreté augmente. Selon l’Insee, 500.000 actifs gagnent moins de 1.102 euros par mois, soit 22 % des travailleurs de la Région. La moitié d’entre eux perçoit moins de 690 euros. Sans la redistribution et les autres revenus du ménage pointe l’Insee, les travailleurs pauvres seraient trois fois plus nombreux.
Des mesures tous azimuts promises
Ces dernières études affinées de l’Insee, selon les territoires, par tranche d’âge, par situations familiales, par type d’habitat… vont servir de guide aux politiques à mener. Des données bien utiles pour orienter les collectivités à travers le pacte des solidarités décidé par Élisabeth Borne en septembre dernier, mais dont on ne connaît pas encore le fléchage des subventions qui doivent être attribuées au niveau régional et local d’ici fin 2023. Ce qui par ricochet ne permet pas de préciser les mesures concrètes qui seront prises sur le terrain et avec quel montant. Même si Josianne Chevalier, préfète du Bas-Rhin, a déjà rappelé certaines mesures et appel à projet.
NOTRE DOSSIER SUR LA PAUVRETÉ
Comme « la prise en compte de la pauvreté dès le plus jeune âge », la création d’un « Service public de la petite enfance » avec la création de place de garde supplémentaire dans des crèches, la pérennisation des repas Crous à un euro pour les étudiants, les mesures sociales en faveur de la transition écologique avec un leasing social à 100 euros par mois pour une voiture électrique, la rénovation énergétique des foyers les plus pauvres, ou bien encore un appel à projets Mieux manger pour tous, qui permettra entre autres de lancer en partenariat avec la Croix rouge un food-truck solidaire pour les étudiants…
Des mesures « dont pour certaines les effets se verront rapidement, promet la préfète, et d’autres visibles à long terme et qu’il faudra évaluer avec le temps », souligne Josiane Chevalier. .
En attendant, en ce mois d’octobre et sur les données recueillies en 2020 par l’Insee, sur les 13 Régions métropolitaines, le Grand-Est se situe au sixième rang, avec un taux de pauvreté qualifié d’« assez modéré » par Vivien Heim, le directeur général adjoint de l’Insee Grand-Est. Modéré. Six départements ont toutefois un taux de pauvreté supérieur à la moyenne de France métropolitaine
. Il s’agit notamment des Ardennes et de l’Aube (ces deux départements figurants dans le quart des départements les plus touchés), de la Moselle, de la Haute-Marne des Vosges et de la Meurthe-et-Moselle. En revanche, les deux départements alsaciens sont les moins touchés de la Région avec un taux de pauvreté de 13,2 %, même si à l’inverse, ses grandes villes comme Mulhouse et Strasbourg ont un taux de pauvreté au-dessus de la moyenne nationale, au-delà des 20 %.
Une pauvreté en ville alors que dans le même temps, en « territoire péri urbain » selon la dénomination de l’Insee, c’est-à-dire des espaces ruraux « mais proches des villes où vivent un certain nombre d’actifs qui travaillent en ville, on voit que les taux sont nettement inférieurs, en deçà de 10 % », souligne Vivien Heim.
20minutes