Gel tardif : le gouvernement détaille son plan d’aides aux agriculteurs

Après l’épisode de froid qui a ravagé des centaines d’hectares de cultures en avril, le ministre de l’Agriculture présente un «Plan gel» pour combler une partie des pertes et mieux anticiper les crises à venir dans un contexte de dérèglement climatique.

Près de deux mois après un épisode de gel dévastateur pour l’agriculture française, le gouvernement décline ses mesures de soutien. Entre le 4 et le 8 avril, viticulture, arboriculture, grandes cultures, mais aussi apiculteurs ont subi une vague de froid mortelle pour les récoltes à venir. Un événement qualifié de «pire catastrophe agronomique de ce début de XXIe siècle» par le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie. Dans l’Est Républicain du jour, celui-ci fait le bilan : «Les secteurs les plus impactés sont les fruits, avec un recul de plus de 60 % sur la production de cerises, de plus de 40 % sur les pêches, et des pertes équivalentes en abricots et prunes. Sur la vigne, la perte est en moyenne de 30 % de la récolte, parfois jusqu’à 100 % dans le sud de la vallée du Rhône. Les pommes et poires devraient également être très touchées.» On sait désormais que 81 départements ont été touchés, soit la quasi-totalité des départements métropolitains.

Le 17 avril, le Premier ministre, Jean Castex, avait déjà annoncé un «fonds de solidarité exceptionnel» doté d’un milliard d’euros pour l’agriculture et la viticulture. Une aide saluée par la FNSEA, premier syndicat d’exploitants agricoles de France. Ce mercredi, l’enveloppe du «Plan gel», présenté en Conseil des ministres dans la matinée, est à la hauteur de ce qui avait été prévu : 1,02 milliard d’euros.

Régime de calamité agricole élargi

Dans le détail, 20 millions d’euros ont déjà été débloqués pour des aides d’urgence destinées aux exploitants les plus mal en point. En juillet, 4 800 agriculteurs en auront bénéficié, à hauteur de 5 000 euros maximum chacun. Selon la Dépêche du Midi, «l’Occitanie est, de loin, la région la plus aidée au plan national». En plus, 170 millions d’euros seront destinés à la prise en charge des cotisations sociales de près de 70 % des exploitations. L’aide varie en fonction du taux de perte prévu. Les agriculteurs ont aussi accès aux mesures d’urgence mises en place dans le cadre de la crise sanitaire liée au Covid-19, à savoir le chômage partiel et les prêts garantis par l’Etat.

Concernant les aides à plus long terme, quelque 500 millions d’euros iront, eux, au régime de calamité agricole. «Toutes les filières touchées» par le gel, dont la viticulture, pourront en bénéficier, précise un communiqué du ministère de l’Agriculture. Ce dispositif permet d’indemniser jusqu’à 40 % des pertes constatées, au lieu de 35 % en temps normal.

Le ministre de l’Agriculture promet aussi que «des avances seront par ailleurs versées dans les prochaines semaines pour compenser la perte de production des fruits à noyau, des pêches, des abricots, des cerises, qui auraient dû se vendre cet été». Ce système d’avances concernera les entreprises qui ont connu des pertes supérieures à 70 % de leur récolte annuelle moyenne. Les agriculteurs ayant déjà souscrit une assurance privée pourront eux aussi bénéficier d’un dispositif de soutien. En cours d’élaboration, il s’élèvera à 80 millions d’euros.

Enfin, le gouvernement a mis en place un fonds de soutien aux entreprises dites «de l’aval». Il s’agit par exemple des entreprises de transformation de fruits. Celles dont l’activité dépend à 60 % d’une zone touchée par le gel pourront demander à piocher dans une enveloppe de 150 millions.

Hausse des prix en vue

Bien entendu, ce plan ne compensera pas tout. «Il faut être conscient que quel que soit le niveau des aides, des indemnisations et des assurances, on ne couvrira jamais l’entièreté d’une production perdue», précise Julien Denormandie dans l’Est Républicain. Il faut donc s’attendre à «des hausses de prix», avertit le ministre, qui appelle à la solidarité des consommateurs envers les producteurs.

Il est désormais temps de mieux anticiper. Le ministre pointe l’urgence de «rénover en profondeur notre système de gestion des risques pour limiter à l’avenir l’impact de tels aléas climatiques sur le revenu de nos filières agricoles». Dans le cadre du Varenne agricole de l’eau et de l’adaptation au changement climatique lancé le 28 mai par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, et le ministère de la Transition écologique, le gouvernement rendra avant mi-juillet des recommandations pour une refonte du système de l’assurance récolte. Encore peu d’agriculteurs y ont recours.

En parallèle, dans le cadre du plan France Relance – qui a été approuvé ce mercredi après-midi par la Commission européenne –, 100 millions d’euros sont destinés aux agriculteurs pour l’achat de matériels de protection face aux aléas climatiques. «A la suite des épisodes de gel, cette enveloppe a été doublée pour atteindre 200 millions d’euros. Elle intègre désormais la mise en œuvre du diagnostic de gestion des risques pour les exploitants ainsi qu’un soutien à la recherche et au développement de nouveaux matériels de protection», explique le document détaillant le «Plan gel».

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