La Cour suprême du Venezuela « suspend » la primaire de l’opposition

Une semaine après la victoire de la libérale Maria Corina Machado à la primaire de l’opposition vénézuélienne, la Cour suprême a suspendu lundi « tous les effets » de cette élection. Un accord conclu entre le gouvernement de Nicolas Maduro et l’opposition prévoyait pourtant que les autorités ne perturbent pas la primaire. À la suite de cet accord, les États-Unis avaient allégé l’embargo pétrolier imposé au Venezuela pour six mois.

La Cour suprême du Venezuela a suspendu lundi 30 octobre « tous les effets » de la primaire de l’opposition du 22 octobre, quelques jours à peine après l’allègement des sanctions américaines en échange de progrès dans le processus électoral.

La primaire, qui visait à désigner un candidat de l’opposition pour affronter le président Nicolas Maduro lors de la présidentielle de 2024, a vu une victoire écrasante (92 %) de la libérale Maria Corina Machado, avec une participation surprise de 2,4 millions de personnes. Le pouvoir accuse l’opposition d’avoir « gonflé » les chiffres.

« Tous les effets des différentes phases du processus électoral mené par la ‘Commission nationale des primaires’ (CNP) sont suspendus », indique l’arrêt publié sur le site Internet de la plus haute juridiction du pays.

À Washington, le porte-parole du département d’État a averti que les États-Unis « prendront des mesures si Maduro et ses représentants ne respectent pas leurs engagements relatifs à la feuille de route électorale ».

Parallèlement, le procureur Tarek William Saab a ouvert une enquête et convoqué lundi Jesus Maria Casal, président de la CNP, et d’autres membres de son équipe.

La primaire s’est tenue cinq jours après la signature à la Barbade d’un accord entre gouvernement et opposition prévoyant notamment que les autorités ne perturberaient pas la primaire, et l’organisation de la présidentielle au second semestre 2024 en présence d’observateurs internationaux.

Retour en arrière américain exclu
Cet accord a conduit les États-Unis à alléger l’embargo pétrolier imposé au Venezuela pour six mois. Les États-Unis demandent notamment que les inéligibilités d’opposants comme Maria Corina Machado soient levées. Or, dans sa décision, la Cour suprême qualifie Maria Corina Machado de « citoyenne disqualifiée pour 15 ans », réaffirmant l’inéligibilité pour corruption présumée et soutien aux sanctions américaines.

« Comment peut-on suspendre quelque-chose dont les effets ont déjà eu lieu ? », s’étonne Ali Daniels, coordinateur de l’ONG Access to Justice. « L’objectif principal et unique (de la primaire) était de choisir un candidat (…) C’est fait ».

La justice vénézuélienne exige tous les documents de la primaire, y compris les cahiers de vote, que l’opposition ne veut pas dévoiler afin de protéger l’identité des votants et éviter des représailles du pouvoir à leur encontre.

L’analyste Luis Vicente Leon exclut, lui, un retour en arrière américain dans un contexte mondial de crise énergétique et de tensions sur les prix du brut. « Il pourrait y avoir des punitions, une refonte de la stratégie américaine pour continuer à faire pression sur Maduro », a-t-il déclaré. « Le dilemme aujourd’hui, c’est les licences (pétrolières) ou les élections », estime-t-il.

AFP

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