Paris, la capitale française, accueille du mercredi 8 au vendredi 10 novembre 2023, le One Polar Summit, une nouvelle édition du One Planet Summit mis en place par Emmanuel Macron sur l’environnement. Après celui sur le thème de la forêt en mars 2023 organisé au Gabon, cette édition est consacrée aux glaces au sens large : à la fois les pôles, la banquise sur les mers, les glaciers de nos montagnes et le pergélisol – les sols en permanence gelés.
Face au réchauffement climatique, le cri d’alarme des spécialistes de la recherche polaire. Des chercheurs et des scientifiques internationaux ont appelé ce mercredi 8 novembre 2023 à mieux financer la recherche face à l’érosion accélérée des glaciers et des pôles, au premier jour du « One Planet Polar Summit » à Paris.
Pendant trois jours, scientifiques, ministres, militants environnementaux, explorateurs des pôles et des sommets enneigés se réunissent pour discuter des grands enjeux liés à ces zones gelées de la planète, souvent oubliés des négociations internationales.
Notons que la journée de vendredi 10 novembre 2023 sera politique, avec plusieurs chefs d’État et de gouvernement présents. Le président français doit clore les travaux avec un « Appel de Paris sur les pôles et les glaciers », un appel à des mesures concrètes et, insiste l’Élysée, un aspect diplomatique, pour que ces régions restent des espaces de paix, de coopération scientifique et environnementale malgré les tensions actuelles dans le monde.
Organisé par l’Élysée dans la lignée d’autres sommets sous la bannière « One Planet » ces dernières années, le rassemblement vise à partager les constats et les projections de la communauté scientifique sur la fonte des glaces, et proposer des recommandations aux gouvernements pour une meilleure protection des régions glaciaires et polaires.
« Les recherches sur la cryosphère ont beaucoup avancé ces dernières décennies », a noté la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte, ajoutant toutefois que le terme « cryosphère », qui désigne l’ensemble des glaces présentes sur Terre (banquise, glaciers, icebergs ou permafrost), était apparu dans une décision de la COP l’année dernière (2022) pour la première fois ».
Un dialogue affecté par les tensions internationales
Avec la guerre entre Israël et le Hamas et la guerre en Ukraine, les tensions à l’international risquent d’affecter le dialogue entre scientifiques. Mais Sébastien Treyer directeur de l’Institut du Développement durable et des Relations internationales (IDDRI) est plus optimiste puisque l’Histoire nous l’a prouvé. « Dans des temps de guerre froide extrêmement durs, on a eu des accords transfrontaliers entre l’Est et l’Ouest qui ont été marqués notamment par le fait que la coopération scientifique avait continué.
Je fais référence à la question des pluies acides en Europe qui était une question est-ouest sur la réduction des pollutions d’origine soufrées dans l’industrie des deux côtés du rideau de fer ».
Pour le directeur de l’IDDRA, la science et la capacité des communautés scientifiques à échanger entre elles est un fil directeur majeur de ce qui peut unir les pays même quand on est dans une situation de conflit politique. Et aujourd’hui, on le voit, malgré les tensions, entre les États-Unis et la Chine par exemple, les négociations climatiques continuent entre les deux pays. Un représentant chinois sera d’ailleurs présent à ce One Polar Summit.
« Il est clair que nous avons besoins de soutien », a ajouté son confrère Jean Jouzel. « La recherche polaire a besoin de moyens, ils sont très insuffisants », s’est également alarmé Olivier Poivre d’Arvor, ambassadeur de France pour les pôles et l’océan. « Il faut vraiment faire prendre conscience à tous les leaders que c’est un espace fragile », a-t-il poursuivi, ajoutant qu’il fallait garantir l’accès aux scientifiques à ces régions pour mieux appréhender les répercussions du réchauffement climatique sur la cryosphère.
La Russie, grande absente du sommet
À ce sommet, il y a un grand absent : la Russie et ses immenses territoires arctiques. Malgré le message de l’Élysée qui insiste sur l’importance de ce multilatéralisme environnemental, impossible de faire sans la Russie sur ce thème des pôles et des glaces.
Et c’est d’ailleurs une contradiction évidente de la part des autorités françaises qui refusent de coopérer avec le pays qui a envahi l’Ukraine. La Russie n’est d’ailleurs plus membre du Conseil de l’Arctique en raison de la guerre, c’est un problème, mais il faut bien avancer.
VivAfrik