L’affaire remonte au 26 mars 2023. Elle avait, on s’en souvient, provoqué un tollé général de par son caractère sauvage et inhumain. Il s’agit de la mort d’une étudiante gabonaise du nom de Jeannah Danays Dinabongho Ibouanga dite « Dina », âgée de 17 ans. Selon l’acte d’accusation issu de l’enquête, l’adolescente était montée volontairement à bord d’un véhicule que conduisait son assassin.
Victime d’une agression sexuelle, elle avait réussi à s’échapper de la voiture et était tombée dans un ruisseau à la suite d’une course-poursuite persistante, où elle a fini par rendre l’âme. La suite, on la connaît. Huit personnes, au total, avaient été interpellées et écrouées. Mais sept d’entre elles ont été élargies parce qu’ayant bénéficié d’une décision de non-poursuite qui les met hors de cause.
Si fait qu’à l’ouverture du procès, seul le présumé assassin, Dursun Acar, âgé de 55 ans, se retrouve dans le box des accusés. Il est poursuivi pour « meurtre délibéré » et « tentative d’abus sexuel ». Et s’il est reconnu coupable, il risque la réclusion criminelle à vie. Avant tout propos, il faut saluer l’ouverture de ce procès dont la tenue n’était pas gagnée d’avance.
Ce dont Dina a été victime n’est ni plus ni moins que du racisme
Surtout quand on sait qu’au lendemain du meurtre de « Dina », la police turque avait tenté d’étouffer l’affaire, laissant croire qu’il s’agissait d’une « mort par noyade sans trace d’agression ». Mais face à la clameur qui montait aussi bien en Turquie que dans le reste du monde, elle a dû se raviser. Le mérite revient en premier à l’organisation féministe turque, les « Féministes pour Dina », qui a porté l’affaire jusqu’au bout.
Elle mérite qu’on lui tresse des lauriers. Certes, « Dina » n’est plus de ce monde, mais il faut que justice lui soit rendue pour l’histoire. Car, ce dont elle a été victime n’est ni plus ni moins que du racisme. Surtout en Turquie où, dit-on, même des fonctionnaires publics, notamment ceux de la police, s’adonnent à la pratique, allant parfois jusqu’à contraindre des jeunes femmes noires à se prostituer.
Il faut donc que l’affaire « Dina » serve de déclic pour que plus jamais pareille sauvagerie ne se déroule ni en Turquie ni ailleurs dans le monde.
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