Les industriels s’inquiètent à la fois des tensions d’approvisionnement et d’une hausse du prix des pommes de 100% par rapport à l’année passée.
La récolte de pommes est-elle trop belle cette année en France? C’est paradoxalement la belle qualité des fruits récoltés dans les vergers à la rentrée qui explique en partie les difficultés actuelles des industriels de la compote et pourrait à terme entraîner une hausse des prix en rayon.
En France, les arboriculteurs envoient leurs pommes d’abord vers le frais tandis que le reste, c’est-à-dire les pommes moins « jolies » et plus petites, est vendu aux industriels qui en font majoritairement de la compote.
« Chaque année, environ 20% du volume des pommes made in France est transformé en moyenne », indique Adrien Mary, délégué général du groupe fruits de la Fédération des industries d’aliments conservés (FIAC). « Cette année, on se situe plutôt autour de 15% », concède Pierre Venteau, le directeur de l’association nationale Pommes poires qui représente les producteurs des fruits.
Mais ce n’est pas tout puisque le fruit est aussi vendu plus cher aux industriels.
« Le prix a doublé par rapport à l’année dernière », indique Adrien Mary.
Une hausse que confirme Pierre Venteau: « Ils reflètent les cours dont on a besoin au verger pour arriver à trouver un équilibre économique et arriver à poursuivre notre activité économique », souligne-t-il.
Des coûts en hausse de 20% chez les producteurs
« Si les prix ont subi une hausse de 100% par rapport à l’année dernière, ils ont augmenté de 25 ou 30% seulement par rapport au prix moyen lissé des quatre/cinq dernières années », précise Pierre Venteau. Et cela s’explique par les prix exceptionnellement bas de 2022.
« On a eu un afflux de pommes dans notre région la plus précoce, la Provence, qui avaient subi la chaleur sur les arbres, explique Pierre Venteau. Cela a entraîné d’importantes problématiques de conservation et généré un volume très important pour l’industrie du fruit transformé », poursuit-il.
Cette année, non seulement les industriels n’ont pas bénéficié du même afflux mais ils font aussi les frais d’une hausse des coûts de production des arboriculteurs. Selon Pierre Venteau, produire une pomme coûte actuellement 20% plus cher que l’année dernière. Il pointe « la hausse du prix du gazole, des engrais et une augmentation de 10% du coût de la main d’oeuvre ».
Une hausse à répercuter
« Nous avons besoin de répercuter cette hausse », tranche le directeur de l’association nationale Pommes poires .
Tout comme les industriels, qui constatent des hausses de coûts sur l’ensemble de leurs intrants, auront probablement besoin de gonfler leurs propres prix de vente.
« La filière fait tout ce qu’elle peut pour contenir l’inflation », indique Adrien Mary. Mais, à quelques semaines des négociations commerciales avec les acteurs de distribution, que le gouvernement a avancées pour limiter l’inflation, il admet qu’il sera « compliqué d’éviter une hausse de prix en rayon ».
Quant à la possibilité de s’approvisionner au-delà des frontières hexagonales, elle n’offre malheureusement que peu de perspectives aux fabricants de compotes. Le coupable: l’agrume, dont la faible production cette année a entraîné un report de demande sur le jus concentré de pommes.
bmftv