Le Pas-de-Calais, toujours sous l’eau, a profité samedi d’une journée sans intempéries, permettant d’observer l’amorce d’une décrue, qui pourrait être rapidement annihilée par le retour des pluies à partir de dimanche.
« D’abord de faible intensité (5 à 10 mm attendus dimanche après-midi) », les précipitations « s’intensifieront progressivement (15 à 20 mm attendus lundi) et deviendront plus importantes dans la journée de mardi (30 mm attendus localement sur les bassins de la Liane, l’Aa et la Canche) », a prévenu la préfecture du Pas-de-Calais dans un bilan samedi soir.
Un total de 247 communes ont été ou sont toujours « concernées par les inondations », parfois dans des conditions dramatiques, en particulier autour de Saint-Omer, Boulogne, et Montreuil.
L’eau, toujours abondante, continue d’envahir des étables, de prendre au piège des véhicules, et a contraint nombre d’habitants à quitter leurs domiciles. Plusieurs évacuations ont été menées dans la nuit de vendredi à samedi, notamment à Blendecques (85 personnes évacuées), particulièrement touché par les inondations, et Wavran-sur-l’Aa (45 personnes).
« Notre impression, c’est que c’est sans doute lié au fait que la route était inondée, qu’elle n’a pas bien vu le tracé », a-t-on indiqué au parquet. Mais il n’est « pas possible » d’établir un lien avec certitude « avant l’examen de corps ».
– « Soutien psychologique » –
D’après le sénateur et vice-président du conseil régional, Franck Dhersin, 10.000 sinistrés ont déjà été recensés.
« Un soutien psychologique est mis en place », a déclaré à l’AFP Fabienne Berquier, présidente de l’association dans le Pas-de-Calais. « Les habitants sont fatigués. »
Seule l’Aa reste maintenue en vigilance rouge par Vigicrues. La Canche et la Liane, à l’origine d’inondations depuis plusieurs jours, sont elles repassées respectivement en vigilance orange et jaune.
Cette accalmie, « prévue jusqu’à dimanche après-midi », a permis « d’observer une décrue », relève l’organisme de surveillance.
Le bilan est de quatre blessés légers depuis lundi dans le Pas-de-Calais, où sont engagés 700 personnels de la sécurité civile.
A La Calotterie, dans le Montreuillois, la sécurité civile et les pompiers ont continué samedi à évacuer des riverains qui avaient jusqu’à présent échappé aux inondations, a constaté un journaliste de l’AFP.
« J’ai au moins 10-15 cm cette nuit. Hier (vendredi), je n’avais rien », se désole Charline Groux, évacuée samedi matin.
Une partie de la citadelle de Montreuil, datant du XVIème siècle, s’est effondrée vendredi, tout comme un pan du chemin du Cap Blanc-nez, une falaise située entre Wissant et Escalles, samedi.
Plusieurs tonnes de terre argileuse et de craie ont lâché sur une vingtaine de mètres de sentier pour tomber en contrebas a une trentaine de mètres.
– Foyers privés d’électricité –
Selon la préfecture, 800 foyers sont privés d’électricité samedi soir et « 5.000 clients sont coupés en téléphonie mobile ».
Cinq pompes de très grande capacité, capables de vider chacune une piscine olympique en 15 minutes, ont été déployées pour tenter de limiter les crues.
Le trafic ferroviaire est interrompu sur deux tronçons (Boulogne-Etaples et Saint-Pol-Etaples) jusqu’à mardi « dans la matinée », a précisé la SNCF. Un total de 73 axes routiers restent coupés samedi soir.
La protection civile du Pas-de-Calais a lancé un appel aux dons et mis en place un numéro (03.74.20.03.07) « pour mettre en lien » les sinistrés ayant besoin d’aide pour le déblayage de leur maison avec ceux prêts à les aider.
Plus de 50 communes ont déposé un dossier pour être reconnues en catastrophe naturelle, une décision attendue mardi.
S’ils constituent des phénomènes naturels, les inondations, cyclones et sécheresses peuvent être amplifiés par le réchauffement climatique généré par les activités humaines.
Les inondations sont des catastrophes particulièrement coûteuses: entre 1970 et 2019, elles ont représenté 44% de toutes les catastrophes et 31% des pertes économiques.
AFP