Face à des prix du carburant qui ont été multipliés par deux depuis 2020, certains professionnels du transport public en Tanzanie ont décidé de s’adapter en utilisant comme alternative du gaz pour faire rouler leurs véhicules. La surprise peut être de taille pour un étranger qui emprunte un VTC et réalise qu’il ne peut pas placer ses bagages dans le compartiment arrière de son véhicule.
« C’est du gaz, nous l’utilisons comme alternative au carburant », a expliqué à l’Agence Ecofin qui donne l’information, le conducteur qui ne semble pas partager l’inquiétude des passagers. On apprend ainsi que cette solution a été développée dans le sillage d’une augmentation des prix de l’essence normale à la pompe. Au 31 octobre 2023, ils atteignaient 1,3 $ le litre.
Ce n’est pas le niveau le plus élevé en Afrique comparé à des pays comme la République centrafricaine (1,83 $), le Sénégal (1,65 $) ou encore le Malawi (1,61 $), mais cela est suffisant pour réduire les marges des conducteurs de VTC qui se plaignent déjà des revenus qu’ils tirent de leur travail.
Notons qu’en Tanzanie, face à la hausse des prix du carburant, des professionnels du transport public se tournent vers le gaz comme alternative, réduisant leurs coûts et contribuant à une moindre pollution dans la ville économique de Dar es Salaam. Pourtant, une adoption plus large en Afrique n’est pas acquise.
L’initiative, rappelle l’Agence Ecofin, aurait débuté en 2019. Des personnes utilisatrices de ce mode d’énergie signalent que le nombre de véhicules qui s’y mettent devient chaque jour plus important. Le but ultime pour les professionnels du transport public est d’économiser sur les coûts de l’énergie.
Selon les chauffeurs interrogés, les gains peuvent aller de 1,5 million de shillings tanzaniens (600 $) à 1,75 million de shillings (700 $), soit près de la moitié du salaire médian dans la ville de Dar es Salaam, où la moitié des 4,3 millions d’habitants gagnent l’équivalent de 1 400 $ ou moins.
Nos confrères de l’Agence Ecofin ont effectué un petit tour de ville qui a permis de voir que les points de vente de gaz pour véhicules se développent au fur et à mesure que le nombre de véhicules adaptés augmente. Une des retombées perceptibles, mais difficiles à mesurer de manière précise, est que, bien qu’ayant des routes fortement congestionnées, l’air ambiant dans la ville de Dar es Salaam est apparemment moins pollué que celui de grandes villes ouest-africaines comme Lagos, Dakar, Douala ou encore Abidjan.
Il n’est pas possible de savoir de façon précise si l’expérience tanzanienne est suffisamment réplicable dans d’autres parties de l’Afrique.
Le pays dispose de solides réserves de gaz, mais là n’est pas son seul avantage. Le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Cameroun ont aussi effectué des découvertes considérables, mais il en faudra plus pour que l’essence y soit remplacée par du gaz. En effet, le processus en Tanzanie a bénéficié d’une certaine liberté accordée par les autorités.
Dans d’autres parties de l’Afrique, les filières formelles de carburant sont d’importantes sources de revenus fiscaux pour les gouvernements et un écosystème d’investissements bien établi.
VivAfrik