Dans une rare démonstration d’unité entre les partis, le Congrès américain a évité un shutdown. Après la Chambre des représentants mardi, le Sénat a voté mercredi à une écrasante majorité un accord visant à prolonger jusqu’à mi-janvier le budget de l’État fédéral.
Le Congrès américain a approuvé, mercredi 15 novembre, une rallonge du budget de l’État fédéral, dans une rare démonstration d’unité entre les partis, empêchant la paralysie de l’administration américaine à l’approche de Thanksgiving et des fêtes de fin d’année.
Après la Chambre américaine des représentants mardi, le Sénat a voté mercredi à une écrasante majorité de 87 voix contre 11 un accord visant à prolonger jusqu’à mi-janvier le budget, qui devait expirer à minuit, dans la nuit de vendredi à samedi. Cette rallonge, fruit d’âpres négociations au Capitole, ne tient pas compte d’une aide à Israël et à l’Ukraine, respectivement en guerre contre le Hamas et la Russie, et à Taïwan.
Si elle n’avait pas été adoptée, 1,5 million de fonctionnaires auraient été privés de salaire, le trafic aérien perturbé, tandis que les visiteurs des parcs nationaux auraient trouvé portes closes. La plupart des élus des deux camps ne voulaient pas de cette situation extrêmement impopulaire, le fameux « shutdown », surtout à l’approche de Thanksgiving, le 23 novembre.
Les démocrates voulaient une énorme enveloppe pour l’Ukraine, Israël et Taïwan mais finalement, chaque aide sera traitée séparément à la demande des républicains qui sont pour certains hésitants concernant l’aide militaire de 61 milliards de dollars à Kiev. Ils sont cependant les premiers à réclamer un appui massif à Israël et une attitude ferme face à Pékin.
Des mini-budgets d’un ou deux mois
Le chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, a reconnu que le projet de loi était « loin d’être parfait », mais qu’il atteint l’objectif des démocrates d’éviter le « shutdown ».
Les dissensions au Congrès – entre républicains majoritaires à la Chambre et démocrates, à la manoeuvre au Sénat – sont telles que les élus sont actuellement incapables de voter des budgets d’un an, contrairement à ce que font la plupart des économies du monde. À la place, les États-Unis doivent se contenter d’une série de mini-budgets d’un ou deux mois.
À chaque fois que l’un de ces budgets expire, tout est à refaire: des tractations acrimonieuses, commentées abondamment sur les réseaux sociaux, des menaces, puis une série de votes, à la Chambre, au Sénat…
Les dernières négociations autour du budget fédéral américain, fin septembre, avaient plongé le Congrès dans le chaos. Des élus trumpistes, furieux que le président républicain de la Chambre d’alors, Kevin McCarthy, ait conclu un accord de dernière minute avec le camp démocrate, l’avaient destitué le 3 octobre, une situation inédite.
Cette fois, l’accord mis sur la table propose de prolonger le budget à deux échéances différentes: une partie jusqu’à mi-janvier, l’autre jusqu’à début février. Il a été présenté par le nouveau président de la Chambre, Mike Johnson, inconnu du grand public et doté d’une expérience très limitée au sein de l’état-major républicain.
Il est de toute façon contraint de composer, comme son prédécesseur, avec une poignée de trumpistes, partisans d’une orthodoxie budgétaire très stricte, et les démocrates, qui refusent de se voir dicter la politique économique du pays par des lieutenants de l’ex-président.
Ce sont ces mêmes élus conservateurs qui avaient poussé les États-Unis au bord du gouffre il y a quatre mois. La première puissance mondiale avait alors évité in extremis un défaut de paiement à la suite de longues négociations entre l’administration Biden et les conservateurs.
AFP