Le président américain Joe Biden et son homologue chinois Xi Jinping se retrouvent en tête-à-tête, mercredi, près de San Francisco, en marge du sommet de l’Apec. Les deux chefs d’État souhaitent montrer que la rivalité entre leurs deux pays reste sous contrôle.
Le président américain Joe Biden a résumé en une phrase l’enjeu de sa rencontre mercredi 15 novembre avec le président chinois : « s’assurer que la rivalité ne dégénère pas en conflit », tandis que Xi Jinping a mis en garde contre les conséquences « insupportables » d’une confrontation entre les deux superpuissances.
En se serrant la main sur le perron d’une résidence cossue située dans la campagne californienne, les deux dirigeants ont repris le fil d’une conversation interrompue depuis plus d’un an.
Xi Jinping et Joe Biden ne s’étaient pas parlé directement depuis un long entretien en marge du sommet du G20 de Bali, depuis lequel la relation bilatérale n’a cessé de se tendre.
Le président américain, entouré de sa délégation et assis face au président chinois, de l’autre côté d’une longue table de bois, a appelé, dans un court propos introductif, à gérer la concurrence de manière « responsable. »
Xi Jinping a lui estimé, selon une traduction en anglais, que la Chine et les États-Unis ne pouvaient pas se « tourner le dos ».
« La planète est assez grande pour que nos deux pays prospèrent », a-t-il assuré, alors que Washington et Pékin se livrent une concurrence sans merci dans les domaines économique, technologique, stratégique et militaire.
Joe Biden a lui appelé à des « efforts communs » pour lutter contre le narcotrafic ou gérer l’essor de l’intelligence artificielle.
Chacun des deux dirigeants a tenu à rappeler que leur relation avait débuté bien avant que le démocrate de 80 ans n’arrive à la Maison Blanche.
« Nos rencontres ont toujours été franches, directes et utiles », a assuré le président américain, ajoutant : « Il est crucial que vous et moi nous nous comprenions clairement. »
« Je crois fermement en un avenir prometteur pour la relation bilatérale », a dit Xi Jinping.
Un ton plus apaisé depuis l’été
Aucun communiqué conjoint n’est attendu à l’issue de la rencontre, mais Joe Biden a prévu de donner une conférence de presse.
Avant la réunion, les deux pays ont lancé un groupe de travail commun sur le climat afin de renforcer leur coordination sur « l’un des plus grands défis de notre époque ».
Les relations entre la Chine et les États-Unis se sont franchement déterriorées avec le survol du territoire américain par un ballon chinois en début d’année. Washington avait dénoncé une opération d’espionnage, ce que la Chine a démenti.
En mars, Xi Jinping reprochait à la Maison Blanche sa stratégie d' »encerclement », alors que les États-Unis musclaient leurs alliances en Asie-Pacifique et empilaient les sanctions économiques contre la Chine.
Le ton s’est toutefois suffisamment radouci à l’été pour permettre l’organisation du face-à-face californien.
Rétablir les communications militaires
Joe Biden, en campagne pour un second mandat, et Xi Jinping, confronté à une situation économique et sociale dégradée en Chine, ont au fond intérêt à ce que la rivalité reste sous contrôle au fil d’une année 2024 potentiellement tumultueuse, avec une élection présidentielle aux États-Unis et à Taïwan.
Le statut de l’île, dont Pékin revendique la souveraineté et à laquelle Washington fournit une assistance militaire conséquente, reste un sujet de friction central.
Joe Biden « dira clairement […] que nous ne soutenons pas l’indépendance de Taïwan » et « que nous ne voulons pas que le statu quo change de manière unilatérale, et certainement pas par la force », a indiqué un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby, réaffirmant la position volontairement ambiguë des États-Unis.
Washington demande aussi à la Chine, alliée de l’Iran et de la Russie, de ne pas envenimer les grandes crises internationales : le conflit entre Israël et le Hamas ainsi que la guerre en Ukraine.
Le président américain veut avant tout rétablir les communications militaires, dites « mil-mil », entre les deux puissances nucléaires, suspendues depuis plus d’un an.
Un haut responsable américain a indiqué que les deux dirigeants pourraient décider mercredi d' »étapes préliminaires » en ce sens.
Il a aussi indiqué que Washington espérait sceller lors de la réunion des « progrès » dans la lutte contre le trafic de fentanyl.
Ce puissant opiacé de synthèse, produit avec des composés chimiques venus notamment de Chine, cause des dizaines de milliers d’overdoses chaque année aux États-Unis.
AFP