Bien que le marché soit toujours largement dominé par les banques agréées comme spécialistes en valeurs du trésor (SVT), leur part de marché ont été réduites de 10% entre janvier et octobre 2023, et de 35% entre septembre 2020 et octobre 2023. Ceci, au profit des deux autres catégories d’investisseurs citées plus haut.
Les personnes physiques, elles, continuent d’être très peu actives sur ce type de placement pourtant généralement plus rentable que l’épargne bancaire.
Bien que beaucoup moins dynamique que le marché primaire, le marché secondaire des titres publics de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) sort peu à peu de sa léthargie.
Selon le rapport mensuelle des opérations du marché des valeurs du trésor publié par la Cellule de règlement et de conservation des titres de la Beac, pour le compte du mois d’octobre 2023, ce marché sur lequel se négocient les titres acquis sur le marché primaire continue d’être largement dominé par les banques agrées comme spécialistes en valeurs du trésor (SVT), qui détiennent 60,7% des valeurs du marché.
Mais, l’analyse des chiffres publiés par la banque centrale révèle que ces parts ne cesse de s’amenuiser par rapport aux années précédentes, témoignant d’un intérêt plus poussé des autres investisseurs pour ce marché.
La vitalité plutôt naissante de ce marché est notamment portée par les banques n’agissant pas comme SVT sur le marché primaire des titres publics, d’une part, et par les investisseurs institutionnels, d’autre part.
Par investisseurs institutionnels, il faut entendre les organismes qui collectent l’épargne des particuliers et qui la placent sur les marchés financiers. Il s’agit principalement des sociétés d’investissement, des caisses de retraite ou fonds de pension comme la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps), ainsi que des compagnies d’assurance, les banques commerciales n’agissant pas comme SVT étant extirpées de cette catégorie selon la nomenclature adopté par la Cellule de règlement et de conservation des titres de la Beac dans son rapport du mois d’octobre 2023.
En effet, avec 60,7% des titres en portefeuille ce mois-là, pour une valeur totale de 3 851 milliards FCfa, les banques opérant comme SVT voient leur part de marché se réduire de 10% sur une période de 10 mois, partant de 77,7% en janvier 2023.
Au cours de la même période, les investisseurs institutionnels gagnent presque 2% de parts du marché secondaire des titres publics. Le volume des valeurs du trésor détenu par ces derniers étant passé de 15,3% en janvier 2023 à 17,2% en octobre 2023, pour une valeur de plus de 1 008 milliards FCfa.
Viennent ensuite les établissements de crédits non SVT, qui détiennent quant à eux 15,5% des titres émis sur le marché à fin octobre 2023, pour une valeur de 981,8 milliards FCfa ; puis les personnes physiques. Celles-ci ont capté seulement 180,8 milliards FCfa de titres publics au 30 octobre dernier, représentant 2,9% de l’encours global.
En remontant dans le temps, les pertes de parts de marché par les banques opérant comme SVT, au profit des investisseurs institutionnels notamment, sont encore plus impressionnantes.
A fin août 2021, par exemple, les SVT détenaient encore 85% des valeurs du marché secondaire, soit 24,3% de plus qu’à fin octobre 2023. Par contre, au 30 septembre 2020, le pourcentage des titres détenu par ces investisseurs atteignait 95,6%. Calcul simple : entre fin septembre 2020 et fin octobre 2023, les banques agréées comme SVT ont perdu près de 35% des titres qu’elles détenaient sur le marché secondaire.
Sur la même période, les investisseurs institutionnels ont gagné presque 13,5% de parts, le pourcentage des titres détenu par ces derniers sur le marché secondaire passant de seulement 3,73% à 17,2% en l’espace de 3 ans.
Au demeurant, en dépit de cette montée en puissance des investisseurs institutionnels et autres banques non SVT, le marché secondaire des titres de la Beac demeure globalement atone, en comparaison avec d’autres marchés du même type en Afrique, par exemple.
Selon une édition de «La lettre de la recherche» de la Beac, parue au premier trimestre 2022, le marché secondaire des titres publics de la Beac ne représentait qu’environ 0,04% du PIB de la sous-région Cemac en 2020, contre 1,26% dans l’Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine), 4,21% au Maroc et 4,12% en France.
ecomatin