Les concentrations de gaz à effet de serre, responsable du changement climatique, ont battu des records en 2022, une tendance qui n’est pas près de s’inverser, a alerté l’ONU le 15 novembre 2023, appelant à réduire d’urgence la consommation de combustibles fossiles.
Pour la première fois, en 2022, les concentrations moyennes mondiales de dioxyde de carbone (CO2), le gaz à effet de serre le plus important, ont dépassé de 50% les valeurs préindustrielles. Elles ont continué à augmenter cette année, d’après le Bulletin des gaz à effet de serre de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), publié à deux semaines de la plus importante COP depuis l’accord de Paris, qui se tiendra du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Dubaï.
80% des émissions de gaz à effet de serre proviennent des pays du G20
Les concentrations de méthane (CH4) ont également augmenté et les niveaux de protoxyde d’azote (N2O), le troisième grand gaz à effet de serre, ont connu entre 2021 et 2022 leur plus forte progression annuelle jamais observée.
Environ 80% des émissions de gaz à effet de serre proviennent des pays du G20, a-t-il indiqué en conférence de presse. L’objectif de l’accord de Paris de 2015 consiste à limiter le réchauffement de la planète « bien en deçà » de 2 degrés Celsius depuis l’époque préindustrielle (1850-1900), et de 1,5 degré si possible.
Selon un précédent rapport de l’ONU, la température moyenne de la planète en 2022 était supérieure de 1,15°C à celle de l’époque préindustrielle.
Et 2023 sera très certainement l’année la plus chaude jamais enregistrée, a indiqué M. Taalas aux journalistes. « Le niveau actuel des concentrations de gaz à effet de serre nous conduit vers une augmentation des températures bien supérieure aux objectifs de l’Accord de Paris d’ici à la fin du siècle », a averti M. Taalas.
Le chef de l’OMM dresse un sinistre tableau de l’état à venir de la planète : « Les conditions météorologiques deviendront plus extrêmes : chaleur intense et fortes précipitations, fonte des glaces, élévation du niveau de la mer et réchauffement et acidification des océans », et « nous assisterons à une flambée des coûts socio-économiques et environnementaux ».
« Nous ne comprenons pas tout à fait pourquoi les concentrations de méthane augmente de façon continue »
En 2022, la concentration dans l’atmosphère en dioxyde de carbone s’élevait à 417,9 parties par million (ppm), celle de méthane à 1.923 parties par milliard (ppb) et celle de protoxyde d’azote à 335,8 ppb, soit 150%, 264% et 124%, respectivement, des niveaux de 1750.
Le dioxyde de carbone, responsable d’environ 64% de l’effet de réchauffement du climat, provient principalement de la combustion de matières fossiles et de la production de ciment, indique l’OMM.
Tant que les émissions se poursuivront, le CO2 continuera à s’accumuler dans l’atmosphère et à générer une hausse de la température mondiale. Etant donné la durée de vie du CO2, le réchauffement déjà observé persistera pendant plusieurs décennies, même si les émissions nettes sont rapidement réduites à zéro. « Il n’y a pas de baguette magique pour faire disparaître l’excès de dioxyde de carbone de l’atmosphère », a relevé M. Taalas, qui juge « urgent de réduire la consommation de combustibles fossiles ».
Le méthane, contribuant à hauteur de quelque 16% au réchauffement climatique, est lui un puissant gaz à effet de serre qui demeure une dizaine d’années dans l’atmosphère. Son taux d’accroissement l’an dernier a été légèrement inférieur au taux record observé entre 2020 et 2021 tout en étant largement supérieur au taux d’accroissement annuel moyen des dix années précédentes.
« Nous ne comprenons pas tout à fait pourquoi les concentrations de méthane augmente de façon continue », a commenté M. Taalas. Quant au taux d’accroissement l’an dernier du protoxyde d’azote, à l’origine de 7% environ du réchauffement, « il n’a jamais été aussi élevé à l’époque moderne ».
L’OMM craint que le système climatique ne soit proche de « points de bascule »
La communauté scientifique connaît bien le changement climatique et ses implications, mais l’OMM mentionne la nécessité de disposer de davantage d’informations dans plusieurs domaines, tels que les « mécanismes de rétroaction », qui sont par exemple l’augmentation des émissions de carbone par les sols ou la diminution de l’absorption du carbone par les océans en raison du changement climatique.
L’OMM craint également que le système climatique ne soit proche de « points de bascule », des « situations où un certain degré de changement entraîne une cascade de modifications auto-accélérées et potentiellement irréversibles », comme le dépérissement de la forêt amazonienne.
afp