Il avait publié sur son compte X que son client
Ousmane Sonko pourrait se présenter à l’élection présidentielle de février 2024, alors que la Cour suprême n’avait pas encore rendu son verdict. Le poste a été repris par des médias et largement partagé sur les réseaux sociaux. Après s’être rendu compte de son erreur, l’avocat franco-espagnol a fait son méa culpa.
Un monde s’ouvrait. Il se referme.
Une opération d’intoxication a cherché à faire croire, un instant, qu’Ousmane Sonko avait été définitivement réintégré aux listes électorales.
La réalité est toute autre. La Cour suprême a très prévisiblement cassé la courageuse décision de Ziguinchor, renvoyant l’affaire au Tribunal de Dakar, et rompant ce faisant avec la jurisprudence applicable (Karim Wade).
Opérer un renversement jurisprudentiel sur la compétence territoriale était le seul moyen pour la Cour suprême de protéger le pouvoir sans violer explicitement le droit écrit.
Au fond, les arguments de droit exigeant la réinscription d’Ousmane Sonko restent en effet incontournables: une condamnation par contumace est immédiatement levée dès le placement sous main de justice de la personne concernée.
En conséquence de quoi, la condamnation de M. SONKO en date du 1er juin ne saurait lui être opposée afin de le radier des listes électorales, et partant, l’empêcher de se présenter.
Le Sénégal serait le premier Etat au monde à interpréter différemment les dispositions relatives à la contumace, et contredirait ses propres textes si un Tribunal décidait autrement.
L’autorité judiciaire est jalouse de ses prérogatives, de sa capacité à faire autorité, mais sait également l’importance de complaire au pouvoir.
La seule façon d’éliminer un candidat sans se délégitimer définitivement consiste donc à renier ses propres jurisprudences pour juger hors délais.
L’audiencement tardif de l’affaire permettrait ainsi d’éliminer Ousmane Sonko, en l’empêchant de récolter les formulaires de parrainage dans les délais impartis.
C’est visiblement la stratégie choisie par le pouvoir, adoubé par l’Elysée.
Juan Branco
pressafrik