Plusieurs milliers de personnes se sont mobilisées ce dimanche à Paris à l’appel du monde de la culture pour une « marche silencieuse » et « apolitique » pour la paix au Proche-Orient.
Environ 10 000 personnes ont marché pour la paix au Proche-Orient ce dimanche à Paris. Parmi les personnalités présentes à cette marche, l’actrice Isabelle Adjani, l’écrivain Marek Halter et l’ancien ministre de la Culture Jack Lang, le cortège s’élançant de l’Institut du monde arabe (IMA), dont il est à la tête. « Les gens sont là pour apaiser. Ils ne pensent pas forcément la même chose. Je soutiens à fond cette manifestation d’unité », a déclaré l’ancien ministre à la presse.
Parmi les manifestants, peu de jeunes, des personnes portant un brassard blanc ou agitant un drapeau bleu avec une colombe blanche et le mot « peace », a constaté une journaliste de l’AFP sur place. Avec une grande banderole blanche et sans slogan, le cortège s’est ébranlé très symboliquement depuis le parvis de l’IMA vers le Musée d’art et d’Histoire du judaïsme.
« Nous avons opté pour une neutralité absolue en réponse au bruit des armes, à la vocifération des extrémismes », a déclaré au quotidien Libération l’actrice Lubna Azabal, présidente du collectif à l’origine de cette initiative soutenue par 600 personnalités du monde de la culture. Un appel de 500 artistes à marcher ce dimanche pour faire entendre « la voix de l’union » en France avait été publié sous forme de tribune par Télérama le 13 novembre dernier.
Rima Abdul Malak, la ministre de la Culture, s’est jointe au cortège pour mettre en avant le rôle des artistes.
C’était important d’être là et de répondre à cet appel que les artistes ont lancé. C’est ça qu’on ressent en lisant leur tribune : ce besoin de dialogue, d’apaisement, de se rassembler. Je pense que les artistes ont un rôle à jouer dans la société en nous amenant à vivre des émotions communes, à nous fédérer autour de ce qui nous unit, et à trouver un chemin vers le dialogue, vers l’altérité, vers la compréhension de l’autre. La culture, c’est ça.
« Une autre façon de s’exprimer »
Cette manifestation se tient une semaine après la marche contre l’antisémitisme, suivie par 100 000 personnes à Paris. Samedi, des mobilisations pro-palestiniennes pour demander un cessez-le-feu immédiat à Gaza ont rassemblé des milliers de manifestants à travers la France.
Critiquées pour leur silence face à la guerre Israël-Hamas, les personnalités de la culture ont choisi de manifester « en silence », « une autre façon de s’exprimer parce qu’on n’y arrive pas », a résumé sur la chaîne France 5 l’actrice Julie Gayet, membre du collectif.
On sait que les slogans doivent être frappants et donc sont parfois excluants. On aurait pu mettre «Compassion avec les victimes», «Halte à la guerre», mais on comprend bien avec cette marche silencieuse que c’est cela que l’on veut dire.
Simon Rozé
Lubna Azabal, qui dénonce également « les injonctions à choisir son camp », a reconnu avoir eu du mal à attirer les jeunes visages de la musique et du cinéma qui « ont peur de perdre » leurs abonnés sur les réseaux sociaux et « être étiquetés y compris dans le cadre d’une initiative aussi fédératrice ».
« Je ne veux pas laisser la haine l’emporter, et c’est justement le sens » de cette marche, a pour sa part déclaré au quotidien Le Parisien la comédienne et réalisatrice Agnès Jaoui qui a perdu deux membres de sa famille dans les attaques perpétrées le 7 octobre en Israël et sans nouvelles de trois proches pris en otage.
AFP