Les rebelles Houthis affirment s’être emparés d’un navire appartenant à un Israélien en mer Rouge

Les rebelles Houthis du Yémen ont annoncé, dimanche, avoir saisi un cargo commercial de propriété israélienne dans le sud de la mer Rouge, justifiant cet acte par « la responsabilité religieuse, humanitaire et morale envers le peuple palestinien opprimé ». Le Japon et les États-Unis ont condamné cet acte.

Après les menaces, les actes. Les rebelles Houthis au Yémen ont affirmé, dimanche 19 novembre, s’être emparés en mer Rouge d’un navire commercial, propriété d’un homme d’affaires israélien, et de l’avoir détourné vers la côte yéménite.

Cette annonce intervient quelques jours après la menace des rebelles soutenus par l’Iran de prendre pour cible des navires israéliens dans cette mer stratégique située entre le nord-est de l’Afrique et la péninsule arabique, en raison de la guerre menée par Israël contre le Hamas palestinien dans la bande de Gaza.

« Les forces navales des forces armées yéménites ont mené une opération militaire en mer Rouge, dont le résultat est la saisie d’un navire israélien et son transfert vers la côte yéménite », a indiqué le porte-parole militaire des Houthis, Yahya Sare’e, sur le réseau social X.

« Les forces armées yéménites traitent l’équipage du navire conformément aux enseignements et aux valeurs de notre religion islamique. »

Les Houthis, qui contrôlent une bonne partie du Yémen en guerre, ne menacent « que les navires de l’entité israélienne et ceux appartenant à des Israéliens », a fait valoir leur porte-parole militaire.

Un navire britannique opéré par un groupe nippon

 D’après la compagnie de sécurité maritime Ambrey, ce transporteur automobile est la propriété de Ray Car Carriers, une société contrôlée par l’homme d’affaires israélien Abraham Rami Ungar, « domicilié en Israël ».

Selon le site spécialisé Tradwinds, la société Ray Car Carriers est enregistrée en Grande-Bretagne, et le navire est opéré par la société japonaise NYK.

Les agences de presse japonaises ont rapporté que NYK Line avait informé le ministère des Transports que le transporteur automobile Galaxy Leader avait été saisi et qu’aucun Japonais n’était à bord.

En 2021, un navire appartenant à Abraham Rami Ungar, le MV Helios Ray, battant pavillon des Bahamas, avait été touché par une explosion dans le golfe d’Oman dans un contexte de tensions accrues entre Israël et l’Iran.

Selon le site spécialisé Marine Traffic, le Galaxy Leader, qui bat aussi pavillon des Bahamas, naviguait au large de la ville portuaire saoudienne de Jeddah, en mer Rouge. Il s’approchait du Yémen voisin lorsque ses signaux radars ont été coupés samedi.

Une source maritime du port de Hodeida, dans l’ouest du pays, contrôlé par les rebelles yéménites, a indiqué de son côté que « les Houthis avaient saisi un navire commercial et l’avaient conduit jusqu’au port d’Al-Salif à Hodeida ».

Netanyahu dénonce une « agression » iranienne

Côté israélien, l’armée a indiqué que ce navire avait à son bord « des civils de diverses nationalités, mais aucun Israélien ». « Il ne s’agit pas d’un navire israélien », a-t-elle souligné.

Pour l’État hébreu, il s’agit d’une action d’un proxy iranien. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a « condamné fermement l’attaque iranienne contre un navire international », qu’il a qualifié « d’agression » contre le « monde libre » ayant des conséquences « sur la sécurité des voies maritimes mondiales ».

« Le navire, qui appartient à une société britannique et est exploité par une société japonaise, a été détourné sous la direction de l’Iran par la milice yéménite des Houthis », ajoute le communiqué du bureau de Benjamin Netanyahu.

« À bord du navire se trouvent 25 membres d’équipage de diverses nationalités, notamment ukrainienne, bulgare, philippine et mexicaine. Aucun Israélien n’est à bord », a-t-il assuré.

Le gouvernement japonais a « condamné avec fermeté » la saisie de ce navire, a déclaré le porte-parole du gouvernement nippon, Hirokazu Matsuno.

Une source militaire américaine a, de son côté, qualifié de « violation flagrante du droit international » la saisie « du transporteur de voitures Galaxy Leader » par les « rebelles Houthis ». Selon cette source, Washington va contacter ses alliés et l’ONU pour jauger les mesures « appropriées ».

Les Houthis surveillent la Mer Rouge

Au cours des dernières semaines, les rebelles Houthis ont lancé plusieurs drones et missiles en direction du territoire israélien.

« Le fait que huit vagues de missiles et drones lancés par les Houthis depuis le Yémen n’ont pas réussi à atteindre leurs cibles en territoire israélien a peut-être poussé [les rebelles] à se focaliser à nouveau sur la Mer Rouge », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Mohammed Al-Basha, spécialiste du Moyen-Orient au centre d’analyse américain Navanti Group.

« Nous avons les yeux ouverts pour surveiller et rechercher en permanence tout navire israélien », avait déclaré le chef des Houthis, Abdel Malek al-Houthi, dans un discours sur leur chaîne Al-Massira, menaçant de les « prendre pour cible ».

La mer Rouge est stratégique pour le commerce mondial, notamment le détroit de Bab el-Mandeb, passage étroit entre le Yémen et Djibouti, vital pour le trafic pétrolier.

AFP

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