Des dizaines de migrants tentent d’entrer en Finlande depuis la Russie

Selon Heslinki, des dizaines d’exilés sont bloqués à deux postes-frontières finlandais, dans le sud du pays, en provenance de Russie. La Finlande avait fermé vendredi, à minuit, la moitié de ses points de passage avec son voisin, accusant Moscou de déstabiliser le pays en laissant des migrants sans-papiers franchir la frontière.

Des dizaines de migrants étaient bloqués samedi 18 novembre derrière des barrières érigées à deux points de passage de la frontière que la Finlande partage avec la Russie : aux postes de Nuijamaa et Vaalimaa, ont rapporté les garde-frontières finlandais. À Nuijamaa, deux personnes ont toutefois réussi à franchir les barrières et à entrer dans le pays.

Les autorités finlandaises avaient érigé des clôtures vendredi 17 novembre aux postes de Vaalimaa, Nuijamaa, Imatra et Niirala, dans le sud du pays, qui représentent la majeure partie du trafic entre les deux pays – et la moitié des postes frontaliers de Finlande.

Le gouvernement a accusé Moscou de pousser ces migrants vers les points de passage frontaliers. Et ce, en représailles à la décision finlandaise d’approfondir sa coopération avec les États-Unis en matière de défense. Une explication réfutée par le Kremlin qui a déclaré que la Finlande commettait une « grave erreur » en fermant ces points de passage frontaliers.

Des dizaines de migrants se pressaient aux postes-frontières de Nuijamaa et Vaalimaa en Finlande, samedi 18 novembre 2023. Crédit : Google maps

Malgré ces fermetures, des dizaines d’exilés se sont pressés samedi à Nuijamaa et Vaalimaa et ont allumé un feu de camp par des températures inférieures à zéro, derrière des barrières de barbelés.

« Nous sommes en train de renforcer les barrières afin [que les traversées] ne [soient] plus possibles », a déclaré le colonel Mika Rytkonen, selon la chaîne publique finlandaise YLE, après le passage de deux migrants.

La Finlande partage avec la Russie une frontière de 1 340 km qui sert également de frontière extérieure à l’Union européenne. Quelque 300 demandeurs d’asile, originaires pour la plupart d’Irak, du Yémen, de Somalie et de Syrie, sont arrivés cette semaine, selon les garde-frontières.

Deux check-points ouverts pour les migrants : à Salla et Vartius
Quatre postes-frontières finlandais réguliers restent ouverts pour l’instant, mais seulement deux le sont pour les demandeurs d’asile : à Salla et à Vartius, plus au nord, ont indiqué les garde-frontières. Le médiateur finlandais pour la non-discrimination a déclaré cette semaine qu’Helsinki avait toujours le devoir, en vertu des traités internationaux et de la législation européenne, de permettre aux demandeurs d’asile de demander une protection.

La Finlande estime que l’immigration est le talon d’Achille de l’UE, expliquait l’année dernière Damien Simonneau, maître de conférences à l’Inalco et spécialiste des sécurités frontalières. « Elle prend en compte ce qu’il s’est passé en Biélorussie ou en Grèce ces dernières années et vit dans la projection de la même menace ».

En mars 2020, à l’heure où la Turquie cherchait un appui occidental en Syrie, le régime d’Erdogan avait en effet organisé un afflux de dizaines de milliers de migrants dans la zone frontalière avec la Grèce pour faire pression sur l’UE. L’année suivante, en 2021, des milliers de migrants s’étaient pressés aux portes de la Pologne et de la Lituanie en provenance de Biélorussie – pays allié de la Russie.

Dimanche 19 novembre, 16 personnes ont demandé l’asile au poste de Vartius, selon l’unité locale des garde-frontières sur X (ex-Twitter).

Samedi, 67 personnes avaient également fait la même démarche, au même poste, même après sa fermeture, ont rapporté les médias locaux. « Dans cette situation, nous avons dû laisser ces personnes entrer en Finlande parce que la Russie ne les reprendrait pas », a déclaré le chef du poste de Vartius, le capitaine Jouko Kinnunen, à la chaîne finlandaise MTV.

L’agence Frontex de l’Union européenne a déclaré vendredi à Reuters qu’elle enverrait des agents en Finlande pour aider à protéger la frontière.

Passages à vélo
Beaucoup de tentatives de passage se sont faits par… vélo. Sur l’agence de presse Reuters, des rangées de vélos ont été pris en photo à différents postes-frontières, notamment à Nuijamaa. L’explication ?

Traverser les postes-frontières finlandais à pied est interdit. Helsinki a, depuis toujours, facilité le passage de ses frontières à deux roues, grâce à un accord entre les commissaires aux frontières, explique SchengenVisaInfo.com.

Ces traversées à vélo permettaient aux habitants de la région frontalière d’entreprendre de courtes excursions d’une journée vers le pays voisin.

Des dizaines de vélos saisis au poste-frontière finlandais de Nuijamaa, le 15 novembre 2023. Crédit : Reuters

Mais depuis l’envenimement de la situation avec Moscou, la Finlande est revenue sur ce dispositif : depuis le 9 novembre, il est désormais interdit de circuler à vélo aux postes-frontaliers du pays, mais uniquement dans des véhicules à moteur.

Le même mode opératoire de traversée avait été observé dans le pays voisin. Pendant la crise migratoire de 2015, des milliers de migrants sans visa avaient franchi la frontière russe pour aller en Norvège… à vélo. « Il fallait donc acheter un vélo côté russe, pour l’abandonner une fois passé de l’autre côté », expliquait France info à l’époque.

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