Aux Pays-Bas, plus de treize millions d’électeurs néerlandais sont appelés aux urnes ce mercredi pour des législatives anticipées déclenchées par la démission en juillet du quatrième gouvernement de Mark Rutte. Il avait pourtant toujours résisté aux crises jusque-là au point d’être surnommé le « Premier ministre Téflon ». Mais là, c’était la crise de trop et aujourd’hui de nouveaux partis tentent de profiter du flou et du moment pour se faire une place sur la scène politique.
Aux Pays-Bas, les élections du 22 novembre promettent de secouer les pays-Bas, le Premier ministre sortant Mark Rutte ayant annoncé se retirer de la vie politique après plus de treize ans à la barre, un record. Les sondages suggèrent toujours un coude-à-coude entre les favoris, et que le prochain gouvernement sera certainement une coalition pour diriger la cinquième économie de l’Union européenne.
Vingt-six partis présentent des listes pour ces législatives ; c’est donc un nouveau casse-tête pour quelque 13 millions d’électeurs bataves. Hormis le VVD de centre-droite mené par Dilan Yesilgöz et l’alliance entre les Verts et les sociaux-démocrates dirigée par Frans Timmermans, de nouveaux partis apparus cette année se font forts de proposer une nouvelle façon de faire de la politique, rapporte notre correspondant régional, Pierre Bénazet.
Une défiance envers les partis traditionnels
C’est d’abord le cas du BoerBurgerBeweging (BBB), le mouvement agriculteur citoyen. Il a remporté haut la main les élections provinciales de mars 2023. Son entrée fracassante à la première marche du podium à la chambre haute du Parlement néerlandais, c’est le résultat de quatre ans de manifestation d’agriculteurs et surtout d’une défiance avérée envers les partis traditionnels.
La présidente du BBB, Caroline van der Plas prône une nouvelle gouvernance avec une approche fondée sur la bienveillance. Elle espère pour ces législatives transformer l’essai des provinciales.
L’autre étoile montante, c’est le nouveau contrat social (NSC) de Peter Omtzigt. Cet ancien chrétien-démocrate a fondé en août dernier son parti qui compte déjà 7 000 membres. Il promet de passer un contrat avec les citoyens pour réformer le mode de gouvernement et la politique qu’il estime corrompu. « Il a une longue expérience parlementaire. C’est une personnalité internationalement connue : il est très actif au Conseil de l’Europe, par exemple.
C’est un grand spécialiste de l’économie, un homme de chiffres et de faits. Il remporte beaucoup de débats et d’interviews, parce qu’il en sait davantage que son interlocuteur. Donc, il a l’image d’une grande compétence », pointe le professeur Christophe de Voogb, historien et spécialiste des Pays-Bas.
Indécision et éparpillement des voix
Les derniers sondages affirment que sept électeurs néerlandais sur dix étaient encore indécis ce mardi. Comme d’habitude, ils se sont rués sur le site StemWijzer.nl pour comparer les programmes. Certaines petites formations comptent sur un éparpillement comme le parti du Sport. D’autres comptent sur un rejet du mode de gouvernance actuelle, c’est le cas du BBB et surtout du NSC qui promet une représentation politique plus respectueuse des Néerlandais.
Toute la question est donc maintenant de savoir si les électeurs néerlandais vont vraiment tourner le dos aux formations traditionnelles, car on a aussi assisté récemment à une remontée très nette de la liste écologiste-travailliste, de la liste des libéraux dont faisait partie Mark Rutte mais aussi du parti d’extrême-droite de Geert Wilders.
RFI