Encore un 22 novembre où la lutte est à son paroxysme et où le cancer gagne parfois le combat. La journée nationale de lutte contre cette pathologie est l’occasion de s’arrêter sur les acquis cumulés par le Maroc en termes de campagne de sensibilisation et de performance scientifique, mais aussi le moment adéquat pour envisager d’autres moyens afin de renforcer la bataille.
Il suffit de prononcer le mot pour que la panique soit semée dans l’esprit des Marocains, une pathologie non contagieuse, mais qui effraye tout le monde. Le Royaume mène un combat acharné avec le cancer, depuis très longtemps, et il continue de doubler d’efforts afin de l’éradiquer. C’est dans cette visée que la Journée nationale de lutte contre le cancer a été instituée, pour la première fois en 2007, avec l’objectif de renforcer la sensibilisation, la mobilisation de la société civile et l’éducation de toutes les parties prenantes pour faire freiner la dévastation de cette maladie redoutable.
Sensibiliser le grand public aux dangers du cancer n’est pas l’unique objectif de la journée, mais surtout d’encourager la recherche et le développement de traitements et offrir un soutien aux personnes atteintes de la maladie, ainsi qu’à leurs familles. Personne ne se soucie de l’après-cancer, le côté psychologique se fade devant l’ampleur de la maladie, mais d’après les spécialistes, le psychique du malade est primordiale dans son combat.
A cet effet, Hespress Fr a sollicité Majda Gharbi, la directrice de l’association d’accompagnement et de mieux-être des personnes atteintes de cancer.
« Dar Zhor » qui nous a confirmé que les soins non-médicalisés sont aussi importants que le suivi physique. « Au Maroc, chaque année, 60 000 cas de cancer sont diagnostiqués, cette maladie représente la deuxième cause de mortalité au Royaume. Et le cancer est toujours tabou. Il est temps de porter un autre regard sur cette pathologie. De nos jours, le cancer se soigne de mieux en mieux et il devient une maladie curable grâce au progrès de la médecine », nous dévoile la directrice de l’association.
En évoquant l’importance du suivi psychologique, Majda Gharbi nous explique que « pour aider les patients à traverser l’épreuve de la maladie dans de meilleures conditions et pour améliorer leur qualité de vie, l’association se focalise sur l’accompagnement.
Le fait d’apprendre qu’on a un cancer est considéré un traumatisme assez puissant. Cela implique une série de bouleversements. Il y a l’impact sur les capacités physiques, les effets secondaires des traitements, l’image de soi, la douleur, la méconnaissance de la maladie, les impacts sur la vie sociale, professionnelle et conjugale. C’est plusieurs sources de stress que le patient doit affronter, en plus de la maladie elle-même ».
Et d’ajouter : « créée en 2016, Dar Zhor a pour objectif de répondre à ces besoins. Elle propose donc d’accompagner les patients tout au long de leur traitement et dans la période de l’après- cancer. L’aide de l’association ne substitue en aucun cas le traitement de la médecine conventionnelle du cancer. Elle s’assimile plutôt à une approche intégrative de la santé qui remet l’humain au cœur des soins ».
Pour nous mettre dans l’image, notre intervenante précise que « l’association accompagne les patients, hommes et femmes, quel que soit le type de cancer qu’ils ont, avec des soins de support. Les services que propose Dar Zhor couvrent quatre pôles ».
De prime abord, le soutien psychologique « à travers des séances individuelles avec des psychologues, des groupes de parole, des séances de sophrologie, l’expression par l’art avec des ateliers de théâtre, de danse, d’écriture, de peinture, des séances d’hypnose pour dépasser l’angoisse et le stress qui sont liés à toute cette période », cite la présidente de l’association.
Ensuite, le deuxième volet, c’est plutôt « les thérapies sportives adaptées, parce que nous savons que le sport joue un rôle important dans le maintien de la santé, plus particulièrement quand le corps est exposé à la chimiothérapie et à la radiothérapie, etc. », indique notre interlocutrice.
Les thérapies sportives douces qu’offre l’association « aident les malades à retrouver un rythme respiratoire calme, à garder un équilibre corporel, à mieux tolérer les effets secondaires des traitements et, de façon générale, à se mettre en meilleure condition physique pour accueillir les soins médicaux », souligne-t-elle, notant que « le troisième volet s’articule autour des soins de mieux- être pour relaxer les patients, prendre soin de leur physique à travers des séances individuelles de réflexologie plantaire, de soins énergétiques comme le Reiki, de soins de socio esthétique ».
Le quatrième volet s’intéresse aux ateliers de conseil en nutrition. En nous dévoilant la souffrance des personnes atteintes de maladie, Majda Gharbi nous livre que « les patients sont souvent perdus, certains se mettent en situation de dénutrition. Et donc, nous leur offrons un espace pour pouvoir venir avoir de l’aide et des conseils pratiques ».
Dans le cadre d’un parcours personnalisé, l’association s’intéresse à chaque cas individuellement. Pour ce faire, une équipe d’intervenants bénévoles professionnels de l’accompagnement, des psychologues, des psychothérapeutes, des coachs sportifs, des médecins nutritionnistes et des médecins hypnothérapeutes sont mobilisés pour couvrir tous les aspects.
« A peu près 40 professionnels de l’accompagnement qui donnent de leur temps en fonction de ce qu’ils peuvent. Même après la guérison, l’association suit la personne concernée, l’après- période de traitement est aussi une période très difficile pour le malade, dans le sens où il y a toujours la peur de la récidive, il y a la situation d’isolement qu’il ressent, etc. », précise notre interlocutrice.
De plus, la sensibilisation et l’information du grand public font aussi partie des préoccupations de Dar Zhor. « Nous lançons régulièrement des campagnes de sensibilisation. En octobre rose, nous avons lancé une grande campagne contre le cancer du sein pour mettre en avant la nécessité de rester très attentif à son corps, de faire régulièrement les examens, la mammographie, l’échographie. Le dépistage précoce peut sauver des vies », indique la présidente de l’association.
En partenariat avec plusieurs associations médicales et dans le cadre du mois de novembre qui est dédié au cancer du poumon, « nous faisons également une campagne de sensibilisation les réseaux sociaux, en impliquant bien sûr des spécialistes, des pneumologues pour donner les informations nécessaires au grand public par rapport aux facteurs de risque, aux traitements existants, et à la prévention contre le cancer du poumon », affirme-t-elle.
En conclusion, la directrice de Dar Zhor revient sur l’importance de la sensibilisation, « c’est important que nous associions toutes les forces pour pouvoir en même temps combattre, prévenir et guérir cette maladie redoutable ».
hespress