Le parti néerlandais d’extrême droite islamophobe de Geert Wilders a remporté les élections législatives qui se sont tenues mercredi, ce qui pourrait provoquer un séisme politique dont les répercussions se feront sentir bien au-delà des frontières des Pays-Bas.
Le parti néerlandais d’extrême droite islamophobe de Geert Wilders est arrivé largement en tête des élections législatives mercredi aux Pays-Bas. Un séisme électoral qui risque d’être ressenti dans toute l’Europe et au-delà.
Le PVV (Parti de la Liberté) a, selon l’institut Ipsos, reporté 35 sièges sur 150, une victoire considérée comme très confortable dans une chambre basse particulièrement morcelée. L’alliance gauche-écologistes de Frans Timmermans est deuxième avec 25 sièges, tandis que le VVD de centre-droit a remporté 24 sièges.
Le message anti-immigration de Geert Wilders semble avoir trouvé un écho auprès des électeurs néerlandais, mais l’homme politique à la célèbre chevelure peroxydée est loin d’être assuré de devenir Premier ministre.
Le PVV « ne peut plus être ignoré », a-t-il martelé, appelant les autres partis à travailler ensemble pour former une coalition.
35!!!!!!
PVV GROOTSTE PARTIJ ❤️ pic.twitter.com/oMANVYvGjy
— Geert Wilders (@geertwilderspvv) November 22, 2023
Avant les élections, les dirigeants des trois autres grands partis avaient assuré qu’ils ne participeraient pas à une coalition dirigée par le PVV.
Mais à la sortie des urnes, le populaire et populiste Pieter Omtzigt s’est dit « disponible » pour diriger les Pays-Bas tout en concédant que le processus ne serait « pas facile ». Son parti Nouveau Contrat Social (NSC), créé l’été dernier, aurait remporté 20 sièges.
Frans Timmermans a lui d’emblée rejeté l’idée de rejoindre une coalition de Geert Wilders. « Le moment est venu pour nous de défendre la démocratie », a-t-il déclaré.
« C’est une victoire écrasante et cela instaure une toute nouvelle dynamique », a déclaré à l’AFP Diederick van Wijk, de l’Institut Clingendael. Les autres partis ont commis une erreur stratégique en se concentrant sur l’immigration, faisant ainsi le jeu du PVV, estime-t-il. « Un Premier ministre Wilders pourrait être à notre portée », a-t-il ajouté.
Si elle est confirmée par les résultats définitifs, la victoire de Geert Wilders marque un brusque virage à droite qui sera accueilli avec appréhension à Bruxelles : le PVV a promis notamment un référendum sur l’adhésion des Pays-Bas à l’Union européenne.
Le premier ministre nationaliste hongrois Viktor Orban a salué sur X (anciennement Twitter) « les vents du changement » après la victoire annoncée de Geert Wilders. La présidente du groupe Rassemblement national à l’Assemblée nationale française, Marine Le Pen, a félicité Geert Wilders et son parti pour « leur performance spectaculaire ».
« Tsunami’
Geert Wilders est parfois qualifié de « Trump néerlandais », sa chevelure contribuant à la comparaison, mais en fait il entré en politique longtemps avant l’ancien président américain. N’hésitant pas à traiter les Marocains de « racailles » ni à proposer des concours de caricatures du prophète Mahomet, Geert Wilders a bâti sa carrière en faisant croisade contre ce qu’il nomme une « invasion islamique » de l’Occident.
Ni les démêlés avec la justice néerlandaise – qui l’a reconnu coupable d’insultes envers des Marocains – ni les menaces de mort à son encontre – qui font qu’il vie sous protection policière depuis 2004 – ne l’ont découragé.
Plus récemment, Geert Wilders a tenté de calmer sa rhétorique populiste et de se concentrant sur d’autres préoccupations des électeurs. Il y a « des problèmes plus importants que la lutte contre le flot de demandeurs d’asile et d’immigrants », a-t-il déclaré lors de l’un des derniers débats électoraux, ajoutant qu’il était prêt à mettre de côté ses opinions sur l’islam pour gouverner.
Si l’immigration est restée un sujet clé de la compagne, les Néerlandais s’inquiètent encore plus de « savoir s’il leur reste encore plus d’argent dans leur portefeuille », a-t-il martelé. Il a également assuré devant des journalistes à La Haye après avoir voté qu’il serait Premier ministre pour « tout le monde aux Pays-Bas, quels que soient leur religion, leur origine, leur sexe ou autre ».
« Nexit »
Mais le manifeste du PVV a conservé le ton xénophobe qui est sa marque de fabrique. « Les Néerlandais espèrent que le peuple pourra récupérer leur pays et que nous veillerons à ce que le tsunami des demandeurs d’asile et de l’immigration soit réduit », a par ailleurs déclaré Geert Wilders à ses partisans enthousiastes à La Haye.
« Une période très difficile commence pour les musulmans », a déclaré à l’agence de presse néerlandaise ANP Muhsin Köktas, de l’organisme de contact pour les musulmans et le gouvernement (CMO).
Les mesures anti immigration proposées comprennent le rétablissement du contrôle aux frontières néerlandaises, la détention et l’expulsion des immigrants illégaux, le renvoi des demandeurs d’asile syriens et la réintroduction des permis de travail pour les travailleurs intra-UE. Quant à l’islam, le manifeste du PVV dit que « les Pays-Bas ne sont pas un pays islamique. Pas d’écoles, de Corans et de mosquées islamiques. »
En matière de politique étrangère, il défend une approche « les Pays-Bas d’abord », qui comprend la fermeture de sa représentation à Ramallah et le renforcement des liens avec Israël, notamment le déplacement de son ambassade à Jérusalem.
Geert Wilders participait à sa sixième élection, après avoir failli à provoquer la surprise à plusieurs reprises. « Quand j’ai quitté mon ancien parti [le VVD], […] j’ai dit qu’un jour nous deviendrons le plus grand parti », avait lancé Geert Wilders aux journalistes en votant.
AFP