Critique Expendables 4 : faut-il lui tirer dessus à balles réelles ?

On pensait la franchise enterrée, mais des pilleurs de tombes sont venus rappeler Sylvester Stallone, Jason Statham et des nouveaux venus pour une mission en enfer. Pour les mercenaires et les spectateurs.

Lorsque l’on voit un animal souffrir sans espoir de rétablissement, notre humanité nous pousse à abréger ses souffrances. Cela fait maintenant presque dix ans que la franchise Expendables souffre, depuis la sortie d’un troisième épisode qui tapait complètement à côté, tombant dans la caricature.

Il ne lui restait que de nouveaux ajouts alléchants au casting, parce qu’on a beau avoir une conscience professionnelle, on s’émoustille toujours un peu lorsqu’on voit Mel Gibson, Harrison Ford, Wesley Snipes et Antonio Banderas rejoindre la fête.

Alors oui, ce n’était pas très bon, mais merci pour le service rendu les gars, vous pouvez maintenant reposer en paix.

Sauf que du côté des studios, on a continué d’y croire avec des grosses rumeurs autour d’une version féminine ou d’un spin-off sur le personnage de Jason Statham. Finalement, ça sera bien un Expendables 4 qui verra le jour, ou Expend4bles pour justifier le salaire du service marketing, et si vous vous posez la question de savoir si son bide au box-office US (à peine 30 millions pour le moment là où son prédécesseur faisait 214 millions) est mérité, on peut vous le dire.

Oui, Expendables 4 a bien l’odeur de l’animal mort qui vient d’être déterré.

On ne va pas faussement jouer la surprise. L’absence d’un synopsis clair – tout juste une succession des noms du casting, de campagne promotionnelle de la part de ce même casting ou de projections presse en amont de la sortie nous poussaient à croire que ce nouvel épisode allait au charbon sans confiance et on imagine facilement les producteurs croiser les doigts pour un miracle alors qu’ils savaient ce qu’ils tentaient de vendre. Le résultat est criminel.

Une belle bande de… de… de meubles.

Pour la faire courte, le film ne dépassant de toute manière pas les 95 minutes si on enlève les dix minutes de générique – ce qui en fait sa seule qualité, Barney Ross (Sylvester Stallone) emmène Christmas (Jason Statham) et les survivants de la franchise (Dolph Lundgren et Randy Couture) en compagnie de nouvelles têtes (50 Cent, Jacob Scipio) dans une mission pour arrêter Iko Uwais. Mais la mission tourne mal et maintenant l’équipe n’a qu’un mot en tête : vengeance.

Au milieu de tout ça, on retrouve également Megan Fox, Andy Garcia, Tony Jaa et Levy Tran.

Et si vous suivez la saga depuis ses débuts, vous voyez déjà ce qui ne va pas dans ce quatrième opus. Expendables a toujours été conçu comme une réunion décomplexée des stars d’actions des années 80-90. On n’y venait pas tant pour la qualité de l’intrigue que pour voir d’anciennes gloires tout péter comme à la belle époque.

C’était d’ailleurs là où Expendables 3 montrait ses failles, avec une partie du casting rajeunie, comme si la franchise tentait de passer un cap qu’on lui a jamais demandé de franchir. Ne nous voilons pas la face, si le succès de la licence reposait uniquement sur une dose de gros flingues et d’explosions, Hollywood et le reste du monde ont fait bien mieux depuis.

Mais tout le monde a quitté le navire et Sylvester Stallone lui-même fait juste acte de présence, certainement à cause d’une obligation contractuelle.

Du coup, on se retrouve avec un Jason Statham en vindieselisation, portant chaque minute du film sur ses épaules comme le fait son compère sur la saga Fast and Furious, et le reste d’une bande qui se demande bien ce qu’elle fout là. Nous aussi. Des noms qui sentent bon le fond de tiroir du cinéma direct-to-vidéo à qui on a confié littéralement trois lignes de dialogues, deux scènes, une expression.

Certains font du surjeu, d’autres du nonjeu et aucun n’essaie de se montrer plus utile aux événements qu’un meuble IKEA. La palme du sexisme étant atteint facilement par Megan Fox, encore une fois réduite à sa plastique. Bref, personne n’y croit, que ce soit devant ou derrière la caméra.

Tirs à blanc

Un faux quatrième opus, mais un spin-off déguisé sur le personnage de Jason Statham (normal, il est producteur) donc, seul nom encore capable de ramener quelques spectateurs avides de divertissement bourrin (y compris nous, on l’aime notre Jason). Encore faudrait-il qu’on y ait droit à ce divertissement bourrin.

La réalisation de Scott Waugh (Need for Speed), quatrième réalisateur de la franchise, nous offre de l’action comme on en fait plus. On comprend pourquoi. À part quelques effets gores pour faire passer la pilule, les séquences sont molles, et même le gros morceau est inintéressant.

Malgré la présence d’artistes martiaux comme Iko Uwais (The Raid) ou Tony Jaa (Ong-Bak), le montage épileptique empêche d’apprécier quoi que ce soit des combats, surtout qu’on n’a pas le temps de cligner de l’oeil qu’ils sont déjà finis.

Expendables 4 va vite, très vite, et on ne profite pas d’une scène avant de passer à la suivante. Waugh semble tellement pressé d’en finir, que les personnages se téléportent littéralement au gré des besoins du scénario. Les faux raccords pullulent et les effets spéciaux nous rappellent nos heures passées sur la PlayStation 2 ou The Flash.

On s’ennuie.

Et comme, même à terre, le film a décidé de continuer de nous frapper, il faut encore qu’on parle des dialogues écrits par des gens ayant grandi dans les années 90, mais d’une autre dimension. Le métrage cherche à être une ode à l’empoignade virile, aux répliques de bonhommes qui marchent pied nu sur un légo sans sourciller, à cette longue liste de vannes qui tuent dont tout internet aiment encore en rire avec délectation.

À la place, on a une ode au malaise, au mauvais goût, à la régression au niveau école maternelle. Le personnage débarque, balance sa réplique, personne ne réagit, même au sein du film.

Tout le monde est gêné.

On finirait presque par croire qu’Expendables 4 est une parodie surfant du côté du cinéma bis comme peuvent l’être les productions Asylum (Sharknado). Sauf qu’il y a toujours le rappel ici et là que non, le business est sérieux et qu’il y a réellement des gens, quelque part, qui ont pensé que ce quatrième Expendables avait des chances de réussir en l’état.

On espère sincèrement que la réalité est venue frapper à leur porte et qu’elle chaussait du 44.

JDG

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