L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) prédit « encore » le pire pour l’Afrique qui fait actuellement face à une hausse vertigineuse des cas de covid-19. Une augmentation de près de 40 %, comparée à la première et à la deuxième vagues. Une recrudescence qui survient au moment où l’institution basée à Genève signale une pénurie de vaccins en Afrique.
En 2019, l’Organisation mondiale de la Santé (Oms) avait prédit le pire pour l’Afrique. Dès les premiers mois de la pandémie, elle alertait sur une explosion brutale des cas soulignant qu’il fallait se préparer au pire. De son côté, la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) avait même prédit entre 300 000 et plus de trois millions de morts du Covid en Afrique en 2020.Heureusement pour le continent, au mois d’octobre dernier, le tableau de bord de l’OMS affichait des chiffres bien éloignés de ces prévisions. Il n’y avait eu, en effet, qu’un peu plus d’un million d’infections recensées sur le continent depuis le début de l’année dernière jusqu’au 11ème mois, et 29 000 décès. Continent le plus « fragile » parmi tous les autres, l’Afrique est restée deux mois après l’apparition du nouveau coronavirus en Chine avant d’enregistrer son premier cas le 15 février 2020.
Plus d’un an durant, il a été le continent le moins touché par cette pandémie. Déjouant ainsi tous les pronostics. Les dirigeants africains étaient les premiers surpris d’avoir su résister à l’hécatombe annoncée. Ce, malgré la faiblesse des structures de prise en charge, le nombre très insuffisant de lits de réanimation dans les hôpitaux, le manque de personnel qualifié, les problèmes de disponibilité d’oxygène médical entre autres… Autant de manquements qui faisaient craindre le pire.
Curieusement, le Sénégal a été félicité de la façon dont les autorités ont géré la pandémie au niveau local. Pas plus tard que le week-end dernier, d’ailleurs, le ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, s’est vu décerner un « Gaïndé d’Or » pour les efforts consenti dans la lutte contre le coronavirus. Paradoxalement, au même moment, les cas de contamination prenaient l’escalier en attendant sans doute de monter dans l’ascenseur. Des cas qui, depuis des semaines, passent de deux à trois chiffres au quotidien.
D’une vingtaine de cas quotidiens pendant plusieurs mois, on est passé à plus de 100 cas par jour au Sénégal. Un constat quasi général en Afrique où on parle déjà de « troisième vague ». On est donc d’autant plus en droit de s’inquiéter que, jusqu’ici, l’Afrique était le continent le plus épargné par le virus. Mais la donne a-t-elle réellement changé ? En tous les cas, les chiffres repartent à la hausse. La faute au très redoutable variant indien qui se disséminerait sur le continent.
L’Oms ne cesse en tout cas d’alerter depuis plusieurs jours sur cette augmentation rapide des cas de « Covid plus » et des décès. L’organisation dirigée par l’Ethiopien Tedhos Adhanom Gebreyessus s’inquiète d’une troisième vague sur le continent. Une troisième vague qui « prend de la vitesse » et « se propage plus vite et frappe plus fort ». Ce sont les termes de la directrice du bureau régional de l’Oms pour l’Afrique. Selon Dr Matshidiso Moeti, « la troisième vague de Covid-19 s’accélère, se propage plus rapidement et fait plus de ravages. Avec une montée rapide du nombre de cas et la multiplication des notifications de formes sévères de la maladie ».
Ce qui fait craindre à la patronne de l’OMS pour l’Afrique que « cette nouvelle flambée risque d’être la pire en Afrique ». Elle fonde ses craintes sur un certain nombre de facteurs qui alimentent cette nouvelle vague de contaminations. Notamment une « faible observance des mesures de santé publique, une interaction sociale importante ainsi que la propagation de variants », notamment le variant indien qui est signalé dans beaucoup de pays sur le continent. Notamment l’Afrique du Nord plus touchée que l’Afrique subsaharienne où on note une vitesse « soutenue pour le moment ».
Les redoutables variants britannique et indien en roue libre chez nous !
Au Sénégal, « le taux de variants en circulation est très préoccupant avec 95 % du variant britannique et 5 % du variant indien », selon les estimations du directeur de l’Iressef, le Pr Souleymane Mboup. Lui aussi estime que le Sénégal n’est pas à l’abri d’une troisième vague. Il assure que son institut garde un œil attentif à l’évolution de la situation. Ce, dit-il, pour éviter le pire dans ce pays où on peine à faire vacciner une population encore très réticente à recevoir les doses protectrices.
A la date d’hier lundi et sur un objectif de plus de trois millions de personnes ciblées, seules un peu plus de 500 000 personnes avaient accepté le vaccin. Soit environ 15 % de la cible. Au même moment, l’Oms déplore une pénurie de vaccins sur le continent où seul un peu plus de 1 % a été complètement vacciné.
D’après l’Oms, « les pénuries de vaccins prolongent déjà la douleur de la Covid-19 en Afrique ». Dr Moeti invite d’ailleurs à une solidarité internationale pour faire face à la pandémie dans les pays africains. Des pays où la défiance reste forte contre les vaccins anti-Covid, où le relâchement est perceptible chez les populations surtout avec l’abandon des gestes barrières particulièrement le port du masque.
Au Sénégal, l’alliance des syndicats de santé « And Gueusseum » déplore ce « relâchement quasi-total des décideurs, des populations et des techniciens dont les conséquences redoutables charriées par les nouveaux variants de toute sorte se passent de commentaire ».
En conséquence, elle invite le personnel de santé non encore vacciné — et « bien que la vaccination ne soit pas obligatoire—, à se faire vacciner pour convaincre les plus sceptiques à croire aux vertus des antigènes qui nous ont déjà sauvé de la poliomyélite, du tétanos, de la rougeole, entre autres. Des vaccins « qui contribuent à réduire de manière drastique le nombre de cas de contaminations de la Covid-19 dans les pays où la couverture vaccinale est plus élevée » précise encore dans son plaidoyer l’alliance « And Gueusseum ».
Source: ferer
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