Depuis 2018, l’Education nationale propose des formations aux chefs d’établissement pour apprendre à gérer les situations de crise. Les stages sont encadrés par des gendarmes.
Comment réagir face à l’intrusion d’une personne armée dans un lycée ou face à un élève qui brandit un couteau ? Depuis 2018, des formations existent dans l’Education nationale, pour l’instant surtout destinées aux chefs d’établissement, pour apprendre à gérer des situations de crise. Des stages de haute intensité d’une durée de trois jours, encadrés par des gendarmes.
L’une de ces formations a eu lieu cette semaine à Montdidier, dans la Somme. En pleine présentation théorique des dispositifs de sécurité dans les établissements, plusieurs coups de feu sont tirés. Des tirs à blanc évidemment, mais le stress est bien réel. Tout le monde court pour sortir de la salle.
L’idée est de voir comment on réagit dans ce type de situation et quels réflexes mettre en œuvre.
Ils sont plus d’une quarantaine de proviseurs ou principaux adjoints fraîchement nommés, à suivre cette formation dans l’académie d’Amiens : « En notre qualité de cadre on doit vérifier et voir ce qu’il se passe (…) d’où l’intérêt pour nous de suivre cette formation et de comprendre les enjeux », dit l’une d’eux.
Le lieutenant Cogez, instructeur pour la gendarmerie, explique aux stagiaires comment passer en mode « combattant » : « C’est un petit peu un choc culturel pour eux. C’est sûr que si on m’avait dit que je ferais ce genre de sensibilisations à des professeurs, il y a 25 ans ça m’aurait surpris. Mais je pense que c’est nécessaire ».
« Le but c’est vraiment de leur montrer qu’il faut qu’ils se dépassent. On les sort un petit peu de leur zone de confort. »
Acquérir des automatismes
Les mises en situation s’enchaînent : intrusion d’un élève armé, irruption d’un parent virulent qui finit par sortir un pistolet ou encore une bagarre violente entre jeunes, où l’un blesse un autre avec un couteau. Les stagiaires apprennent à utiliser les tables, les chaises pour se protéger, à bouger et ne pas rester figé, tout en mettant en sécurité les élèves.
Des exercices éprouvants mais la formation est utile, assurent ces chefs d’établissements : « Moi je le prends plutôt comme une chance d’être formée par des professionnels que d’être seule dans son lycée et de ne pas savoir du tout quelles mesures on doit prendre, comment protéger nos élèves, gérer nos émotions », assure l’une d’eux.
« Pour nous c’est avoir des réflexes, ne plus avoir besoin de réfléchir, que ça devienne des automatismes », ajoute son collègue. Tous ont évidemment en tête les assassinats de Samuel Paty en 2020 et de Dominique Bernard il y a un mois et demi à Arras.
francetvinfo