La présidente du groupe RN à l’Assemblée s’envole vendredi pour Lisbonne, où elle va travailler avec le parti d’extrême droite Chega, qui devrait grossir les rangs de ses alliés au Parlement européen.
Elle n’est pas tête de liste aux élections européennes. Elle n’est pas présidente du Rassemblement national. Mais cela n’empêche pas Marine Le Pen, trois fois candidate à la présidentielle française, de faire le tour des différentes forces européennes d’extrême droite, en amont des élections du mois de juin 2024 pour lesquelles son poulain, le président du RN Jordan Bardella, rempile comme tête de liste, fort de sondages insolents.
Après une escale en Italie le 17 septembre chez Matteo Salvini, puis en Hongrie auprès de Viktor Orban dix jours plus tard, la députée du Pas-de-Calais prend ce vendredi 24 novembre la direction du Portugal.
Un déplacement qui intervient au lendemain de la victoire aux Pays-Bas de Geert Wilders, chef de file de l’extrême droite néerlandaise. L’intéressé, qui prône le rétablissement des contrôles aux frontières et promet un référendum sur l’appartenance à l’UE, permet à Marine Le Pen de réchauffer son discours europhobe.
Sur France inter ce jeudi, la députée du Pas-de-Calais a estimé que ce résultat « démontre que de plus en plus de pays au sein de l’UE contestent son fonctionnement et souhaitent que l’on puisse à nouveau maîtriser une immigration, qui est considérée par beaucoup de peuples européens comme massive et totalement anarchique ».
Une partition qu’elle devrait rejouer sur place, son agenda étant exclusivement européen. Attendue à Lisbonne par le leader de Chega André Ventura, le « Zemmour portugais » qu’elle était déjà venue soutenir en 2021 et avec lequel elle tiendra une conférence de presse commune à 13h30, Marine Le Pen participera à l’Assemblée générale du parti Identité et Démocratie en fin de journée.
Enjeu électoral
Ce groupe auquel appartient le RN au Parlement européen a été rejoint en 2020 par Chega, bien que le parti d’extrême droite portugais ne compte à ce jour aucun eurodéputé. Ce qui pourrait changer en juin 2024, puisque le mouvement d’André Ventura est crédité de trois sièges selon les projections du site Euractiv. Voire quatre si l’on se fie au compilateur de sondages de Politico.
Car, comme c’est le cas dans d’autres pays européens, Chega ne cesse de progresser dans les urnes, désormais la troisième force politique du Portugal, pays qui se pensait vacciné contre le populisme de droite, depuis la Révolution des Œillets de 1974 et le retour de la démocratie après 48 ans de dictature conservatrice.
De quoi confirmer l’enjeu électoral de ce déplacement, dans un contexte où Marine Le Pen se rêve en architecte d’une Europe des nations, qui réunirait ses alliés eurosceptiques qui veulent en finir avec l’UE telle qu’elle s’est construite, au moment où la Première ministre italienne Giorgia Meloni révise sa position européenne en espérant s’allier avec la droite traditionnelle du Parti populaire européen (PPE).
Ce qui offre mécaniquement un espace à l’extrême droite eurosceptique.
« Aujourd’hui, et la victoire du PVV (extrême droite néerlandaise, ndlr) nous le dit, nous avons la possibilité, pour peu que les Français se mobilisent, de pouvoir changer radicalement la majorité au sein de l’Union européenne », a-t-elle déclaré sur France inter, misant pour cela sur une éventuelle poussée europhobe qui sortirait des urnes au mois de juin. En attendant que celle-ci advienne, Marine Le Pen compte d’ici là surfer sur les succès électoraux de ses alliés. Et ce, dès ce vendredi depuis Lisbonne.
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