Quelle est cette mystérieuse pneumonie chinoise qui touche les enfants ? Le point avec le Dr Gérald Kierzek

Patients hospitalisés, écoles fermées… Dans le Nord de la Chine, une mystérieuse épidémie de pneumonie a émergé. Les hôpitaux se révèlent ainsi « submergés » d’enfants malades. Un mauvais scénario, qui ressemble de près à l’apparition du coronavirus fin 2019.

Alors que les cas de pneumonie et de maladies respiratoires se multiplient en Chine, faut-il craindre pour notre santé ? Le Dr Gérald Kierzek, directeur médical de Doctissimo, nous répond..

Les enfants sont les premiers touchés
La scène ressemble à un mauvais rêve, un cauchemar qui se repète… Et pourtant, ces nombreux cas infantiles de pneumonie et de maladies respiratoires sont bien réels : à Pékin, l’hôpital de l’Institut de pédiatrie est submergé, l’attente aux urgences dure des heures et certaines écoles ont dû fermer leurs portes.

Les enfants semblent tout particulièrement touchés par cette étrange épidémie, qui provoque chez les tout-petits une forte fièvre, une toux grasse et de la fatigue. De petits nodules pulmonaires (des tâches anormales dans le poumon, ndlr) apparaissent également sur les scanners.

« On ne sait pas exactement quand cette épidémie a commencé, car il est inhabituel qu’autant d’enfants soient touchés aussi rapidement », révèle le système de surveillance mondial des maladies ProMED.

Comment expliquer cette hausse des cas ?
S’il n’est pas encore possible de connaître l’origine exacte de la maladie, les autorités chinoises affirment que cette multiplication des cas serait liée à la levée des restrictions liées au Covid-19 et à la circulation d’agents pathogènes.

La bactérie responsable de cette flambée épidémique, justement, est connue des autorités.

Elle se nomme « Mycoplasma pneumoniae », et, à l’image du Covid-19, elle se transmet par les voies respiratoires via des fines gouttelettes lors de contacts rapprochés.

Pour l’instant, aucun décès n’a été recensé par les autorités : la maladie, qui se traite à l’aide d’antibiotiques (l’azithromycine) semble donc bénigne sur le papier.

« Ce ne sont que des images pour l’instant. Il ne faut donc pas s’affoler », affirme le Dr Kierzek. « La bactérie en cause, Mycoplasma pneumoniae, on la connaît parfaitement : elle fait partie des bactéries en cause dans les pneumonies dites atypiques, en France également et ce depuis de nombreuses années.

En revanche, les symptômes de cette maladie respiratoire nécessitent chez les enfants une vigilance particulière, car le taux de mortalité est élevé sans traitement. La surveillance des virus est classique et les populations asiatiques sont particulièrement touchées en raison d’un mode de vie souvent plus proches des animaux (le franchissement de la barrière inter-espèces est alors plus important) et ils ne disposent pas d’un système de santé adapté, notamment dans les zones reculées ».

De son côté, Pékin vient d’indiquer « qu’il n’y a pas de nouvelle infection détectée ni de maladie inhabituelle ».

« Je pense que la raison de cette évolution et ce à quoi ils l’attribuent est la levée des restrictions liées au Covid, il y a environ un an », analyse le Dr Maria Van Kerkhove, de l’OMS. « Il s’agit de la première saison automne-hiver. Ce que la Chine vit actuellement est, je pense, ce que de nombreux pays ont connu il y a un an ou deux. »

Le retour des gestes barrières
Cette pneumonie chinoise est donc tout sauf mystérieuse. Elle est au contraire bien connue des autorités, notamment françaises. Une surveillance des cas reste nécessaire.

« La résistance aux antibiotiques de la souche bactérienne est, par ailleurs, encore inconnue », révèle le Dr Kierzek.

Pour « réduire le risque de maladie respiratoire », l’Organisation Mondiale de la Santé a, de son côté, appelé la population chinoise à respecter certains gestes barrières.

Ils comprennent le fait de se faire vacciner, de garder ses distances avec les personnes infectées, de rester chez soi en cas de symptômes, de se tester si besoin, de porter un masque et de bien ventiler son intérieur. Se laver régulièrement les mains est également recommandé.

doctissimo

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