La chaleur aurait causé plus de 70.000 décès prématurés en Europe en 2022

L’impact du changement climatique sur la santé des populations pourrait être encore plus désastreux que prévu, comme le révèle une nouvelle étude européenne. Sur le Vieux Continent, la hausse des températures ne serait finalement pas responsable d’environ 62.000 décès prématurés, comme initialement prédit, mais de plus de 70.000… Rien que pour l’année 2022. Explications.

La mortalité liée à la hausse des températures, et plus particulièrement aux températures record relevées en 2022 et 2023, constitue un lourd fardeau pour l’ensemble des populations dans le monde. Une problématique à laquelle s’est intéressée une équipe de chercheurs du Barcelona Institute for Global Health (ISGlobal) dévoilant dès cet été des chiffres alarmants sur le sujet.

Publiée dans la revue Nature Medicine, l’étude estimait alors à près de 62.000 le nombre de décès imputables à la chaleur entre le 30 mai et le 4 septembre 2022 en Europe. A peine quatre mois plus tard, à l’aide d’une nouvelle méthodologie, les chercheurs revoient ces chiffres à la hausse, de manière significative, puisque les températures élevées seraient finalement responsables de plus de 70.000 décès prématurés.

Des données sous-estimées
Dans la première étude, les scientifiques se sont basés sur des modèles épidémiologiques appliqués aux données hebdomadaires de températures et de mortalité dans 35 pays européens. A noter que, dès la publication de ces travaux, les chercheurs avaient précisé que le recours à des données hebdomadaires pouvait engendrer une sous-estimation de la mortalité liée à la chaleur. Ils ont donc par la suite approfondi leurs recherches à l’aide d’un nouveau cadre théorique. Lequel s’est cette fois appuyé sur les enregistrements quotidiens de températures et de mortalité dans 147 régions de 16 pays européens.

Puis les chercheurs se sont attelés à analyser et comparer les estimations de mortalité liée à la chaleur et au froid selon différents niveaux d’agrégation : quotidien, hebdomadaire, bihebdomadaire et mensuel.

Résultat, les auteurs ont constaté que les modèles hebdomadaire, bimensuel, et mensuel sous-estimaient les effets de la chaleur et du froid par rapport au modèle quotidien. A titre d’exemple, le modèle quotidien a estimé à 290.104 et 39.434 la mortalité annuelle et le nombre de décès prématurés liés à la chaleur et au froid, respectivement, pour la période 1998-2004, alors que le modèle hebdomadaire les a sous-estimés de 8,56% et 21,56%.

Ils ont donc utilisé ce nouveau cadre théorique pour le calcul de la mortalité liée aux températures record enregistrées en 2022 en Europe, la révisant à la hausse pour finalement atteindre 70.066 décès prématurés. Des chiffres encore plus alarmants que l’on retrouve dans leur étude publiée dans The Lancet Regional Health – Europe.

Des décès multipliés par cinq d’ici 2050
La même revue a récemment dévoilé une étude tout aussi préoccupante, révélant que l’inaction climatique pourrait être responsable d’une multiplication par cinq des décès liés à la chaleur d’ici 2050. L’insécurité alimentaire, les maladies infectieuses, les pertes économiques, et les systèmes de santé dépassés pourraient compter parmi les principales menaces mettant en péril les populations, en lien avec le changement climatique.

Plus en détail, si l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C n’est pas atteint, le nombre annuel de décès liés à la chaleur pourrait croître de 370% d’ici 2050, et l’exposition à la chaleur pourrait entraîner une hausse de 50% du nombre d’heures de travail potentiellement perdues dans le monde.

« Face à ces projections désastreuses, l’adaptation ne peut à elle seule faire face aux effets du changement climatique, et les coûts deviennent rapidement insurmontables.

Nous devons aller au-delà du traitement des symptômes sanitaires du changement climatique et nous concentrer sur la prévention primaire. Il faut s’attaquer aux causes profondes du changement climatique en accélérant rapidement les mesures d’atténuation dans tous les secteurs afin que l’ampleur des risques sanitaires ne dépasse pas la capacité d’adaptation des systèmes de santé.

Si les gouvernements ne commencent pas enfin à agir sur la base de ces avertissements, la situation va s’aggraver considérablement », expliquait alors la professeure Stella Hartinger, co-auteure de ce rapport.

doctossimo

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