Officiellement lancé dans la course à la présidentielle en République démocratique du Congo depuis début octobre, le Dr Denis Mukwege a donné son premier grand meeting samedi à Bukavu, sa ville natale située dans l’est du pays. Le prix Nobel de la paix 2018 a promis de lutter contre la corruption et de « mettre fin à la guerre, mettre fin à la famine », alors que le pays connaît un pic de crise avec le retour sur scène de l’ancienne rébellion du M23.
Le Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018 et candidat à l’élection présidentielle du 20 décembre en République démocratique du Congo, a organisé, samedi 25 novembre, son premier grand meeting de campagne dans sa ville natale de Bukavu, dans l’est de ce grand pays d’Afrique centrale.
S’adressant à une foule de milliers de sympathisants réunis sur la place de l’Indépendance de la capitale provinciale du Sud-Kivu, le gynécologue de 68 ans a promis de lutter contre la corruption et de « mettre fin à la guerre, mettre fin à la famine » en cas de victoire.
« Aujourd’hui, c’est normal de voler au Congo, c’est normal de corrompre », a dénoncé le candidat dans un discours en kiswahili.
En 1999, le Dr Mukwege avait créé l’hôpital de Panzi à Bukavu. Conçu pour permettre aux femmes d’accoucher convenablement, le centre était rapidement devenu une « clinique du viol » à mesure que le Kivu sombrait dans la deuxième guerre du Congo (1998-2003) et ses viols de masse.
En 2018, « l’homme qui répare les femmes » – son surnom hérité d’un documentaire qui lui a été consacré – s’était vu décerner le prix Nobel de la paix avec la Yazidie Nadia Murad pour leurs efforts à lutter contre « l’emploi des violences sexuelles en tant qu’arme de guerre ».
« Rendre aux Congolais leur dignité, leurs droits »
Le docteur, qui n’a pas de base politique et a tardé à se lancer, a finalement annoncé le 2 octobre sa candidature, dénonçant les « pratiques corrompues et prédatrices » qui maintiennent la majorité des Congolais dans la misère.
Durant son meeting samedi, il s’est engagé à « rendre aux Congolais leur dignité, leurs droits », critiquant au passage la dépendance du pays de quelque 100 millions d’habitants à l’aide étrangère, y compris militaire.
« Sur le plan international, nous allons tout faire pour que les armées étrangères quittent le sol congolais. Il faut que les Congolais apprennent à se prendre en charge en matière de sécurité », a-t-il affirmé.
Les violences de groupes armés durent depuis près de 30 ans dans l’est de la République démocratique du Congo, qui connaît un pic de crise avec le retour sur scène d’une ancienne rébellion – le M23 –, soutenue par le Rwanda voisin et qui s’est emparée de larges pans du Nord-Kivu.
Le gouvernement du président sortant Félix Tshisekedi, 60 ans et candidat à sa réélection, a décidé de ne pas renouveler au-delà du 8 décembre le mandat d’une force régionale déployée dans l’Est pour lutter contre le M23.
Parallèlement, la Mission de maintien de la paix de l’ONU en République démocratique du Congo (Monusco), présente depuis 1999, a déclaré mercredi qu’elle avait signé avec le gouvernement un plan de retrait de ses 14 000 Casques bleus déployés dans le pays, essentiellement dans l’Est.
AFP