Les ministres des Affaires étrangères de Chine, du Japon et de Corée du Sud se sont rencontrés ce dimanche 26 novembre à Busan, en Corée. Un sommet trilatéral qui ne s’était pas tenu depuis longtemps et qui vise à rétablir la coopération entre ces États qui ne se sont pas toujours bien entendus. Le décryptage d’Antoine Bondaz, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique (FSR).
Après la rencontre – une première depuis 2019 – entre le chef de la diplomatie sud-coréenne Park Jin, et ses homologues chinois et japonais, Yoko Kamikawa et Wang Yi, à Busan, le chercheur Antoine Bondaz commente l’objectif affiché de cette réunion.
« On a une relance, dit-il, du processus de discussion trilatérale, un processus qui avait été initié dès le milieu et la fin des années 2000 et qui s’était conclu notamment, au début des années 2010, avec la création d’un secrétariat pour la coopération trilatérale. »
Ce secrétariat, ces dernières années, « ne servait pas à grand-chose », précise-t-il. Mais cette réunion traduit à ses yeux une volonté de rapprochement entre « trois pays d’Asie du Nord-Est, qui sont trois poids lourds économiques parmi le top 10 de l’économie mondiale ».
Ils décident de reprendre langue alors même que « les sujets de dissension se sont multipliés ces dernières années, pas tant entre le Japon et la Corée du Sud, qui se sont considérablement rapprochés depuis l’élection et l’arrivée au pouvoir du président Yoon Suk-yeol à Séoul, mais bel et bien les différends entre la Chine et le Japon d’un côté, et entre la Chine et la Corée du Sud de l’autre. »
Ces « irritants » entre la Chine et ses voisins portent notamment sur des questions territoriales, rappelle Antoine Bondaz. « Entre la Chine et le Japon, à propos des îles Senkaku et Diaoyu, et dans une moindre mesure, des îles et rochers Ieodo entre la Chine et la Corée. »
Et d’évoquer également l’économie, la volonté de Séoul comme de Tokyo de « protéger davantage leur marché intérieur, avec une Chine qui leur fait de plus en plus concurrence, notamment dans des secteurs où ils étaient quasiment hégémoniques, que ce soit le chantier naval, que ce soit l’automobile, que ce soit évidemment l’électronique ».
Pis, il y a les enjeux stratégiques, « la détérioration de la situation dans le détroit de Taïwan, en mer de Chine méridionale », qui inquiètent deux pays « pour qui maintenir la liberté de navigation et la capacité à commercer notamment jusqu’en Europe est extrêmement important ».
Aux yeux du chercheur, chacun a une carte à jouer.
D’un côté, « le Japon et la Corée du Sud peuvent se coordonner, ce qu’ils ne faisaient pas auparavant, pour peser davantage face à la Chine », et de l’autre, à Pékin, « il y a la volonté d’éviter notamment que la coopération trilatérale entre Washington, Tokyo et Séoul, pour le coup, ne se renforce trop, et donc d’essayer de freiner ce rapprochement ».
RFI