Le premier lycée musulman sous contrat avec l’État pourrait perdre son financement public. Le préfet du Nord a demandé la résiliation du contrat entre l’établissement et l’État. Une commission consultative s’est aussi prononcée en faveur de cette résiliation.
Le lycée musulman Averroès à Lille pourrait perdre ses financements publics. Dans un rapport, le préfet du Nord a demandé la résiliation du contrat de l’établissement avec l’État et a saisi la commission consultative académique, qui s’est réunie ce lundi 27 novembre. Selon les informations de l’AFP, elle a émis un avis défavorable sur le maintien de cet agrément et s’est ainsi prononcée en faveur de la résiliation du contrat. Le préfet devrait prendre une décision « dans les prochains jours », a indiqué une source proche du dossier à l’AFP.
Questionnement sur des financements
Depuis 2019, les Hauts-de-France refusent de verser la subvention prévue dans le cadre du contrat, reprochant notamment à Averroès un don qatari de 950.000 euros en 2014.
Le président de la Région, Xavier Bertrand, réclame depuis à l’Education nationale de vérifier si ce don s’accompagne d’éventuelles contreparties.
Un récent rapport de la Cour régionale des comptes, reproche par ailleurs au lycée un manque de transparence sur ses donateurs, et des irrégularités de gouvernance. Elle pointe aussi la mention d’un recueil de textes religieux comprenant des commentaires prônant la peine de mort pour apostasie ou la ségrégation des sexes dans la bibliographie d’un cours d’éthique musulmane.
Des accusations que réfutent les membres du lycée. « Depuis 20 ans, les inspections ont toujours été élogieuses. Elles témoignent du strict respect du programme de l’Éducation nationale, dans toutes les disciplines. Nous sommes classés parmi les meilleurs établissements de France depuis plusieurs années », estime au micro de BFMTV Amel Afejjay, enseignante et représentante du personnel.
« Je vais perdre mon travail »
Le lycée, un des meilleurs de la région avec 98% de réussite au bac, est le premier établissement musulman de France à être sous contrat avec l’État. Les professeurs sont ainsi payés par le ministère de l’Éducation nationale qui finance également une partie des frais généraux. Le personnel parascolaire est, lui, rémunéré, par la région Hauts-de-France.
Si le contrat venait à être rompu, le lycée Averroès perdrait ses financements publics.
« Si le contrat saute, personnellement, je vais perdre mon travail car il n’y a pas de garantie de l’emploi dans l’enseignement. Je vais devoir postuler dans d’autres établissements sans aucune garantie », assure Meriem Djemai, enseignante et représentante du collectif de défense du personnel.
L’avis de la commission n’est que consultatif mais le lycée se prépare à une action en justice. « Si jamais il y avait une décision de résiliation, au regard des propos du préfet, nous saisirions la justice qui est indépendante et impartiale », assure Joseph Breham, avocat représentant le lycée.
En 2020, l’Inspection générale de l’Éducation nationale avait jugé les pratiques enseignantes du lycée Averroès en adéquation avec les valeurs de la République.
AFP