Un migrant égyptien est mort de froid lundi dans la capitale bulgare, a indiqué l’agence de presse BTA. L’homme faisait partie d’un groupe de 10 exilés vivant dans les rues de Sofia. Deux personnes ont été transférées à l’hôpital, les autres dans un centre pour migrants. Le pays est confronté à des vents violents et d’importantes chutes de neige après le passage de la tempête Bettina.
À l’approche de l’hiver, les exilés sont de plus en plus exposés aux intempéries. Et le froid est déjà à l’origine de drame en Europe. Lundi 27 novembre, un migrant égyptien a été retrouvé mort à Sofia, en Bulgarie, selon l’agence de presse bulgare BTA.
L’homme vivait dans les rues de la capitale bulgare avec neuf autre exilés, eux aussi originaires d’Égypte.
Deux d’entre eux ont été transportés à l’hôpital, et les autres dans un centre pour migrants. En ce moment, les températures avoisinent les 0 degrés la nuit en Bulgarie, et peuvent même être négatives.
Ce pays des Balkans est soumis à des vents violents et des fortes chutes de neige après le passage de la tempête Bettina, qui a provoqué d’importantes perturbations. Plusieurs communes se sont déclarées en état d’urgence : elles ne sont plus alimentées en eau et en électricité, et une cinquantaine d’écoles sont toujours fermées.
La capitale n’est pas épargnée par ces conditions climatiques extrêmes. À Sofia, des centaines de signalements de branches et d’arbres tombés ou cassés ont été traités lundi par les équipes de la municipalité. Mardi, la ville était encore en vigilance jaune pour temps potentiellement dangereux.
Violences et refoulements
Depuis l’an dernier, la Bulgarie, membre de l’Union européenne (UE), voit arriver de plus en plus de migrants, qui passent par la Bulgarie pour ensuite tenter de rejoindre l’ouest du Vieux continent. Et ce malgré la présence d’une clôture de barbelés de 2 343 km le long de la frontière avec la Turquie.
En 2022, la police bulgare a annoncé avoir empêché 164 000 tentatives de passages, contre 55 000 un an plus tôt.
Avec le recours parfois à des méthodes brutales, selon des témoignages recueillis par plusieurs médias et des ONG ou encore des rapports de Frontex, l’agence européenne de surveillance des frontières.
Lorsqu’ils sont arrêtés par la police sur le territoire bulgare, les migrants sont quasi-systématiquement violentés. En mai 2022, InfoMigrants avait recueilli le témoignage de Narcisse Nganchop, un opposant camerounais en exil. Alors qu’il tente d’entrer en Bulgarie avec un groupe d’exilés, il est arrêté.
« [Les policiers] nous ont ordonné de nous asseoir sur un bout de trottoir : ils ont pris nos téléphones, notre argent et nous ont dit de nous déshabiller pour vérifier qu’on ne cachait rien dans nos sous-vêtements. Au début, les garde-frontières ont commencé par les hommes. Une fois qu’ils avaient tout vérifié sur nous, on a pu se rhabiller et se rasseoir par terre […] Puis, ils sont passés aux trois femmes. Elles ont dû se dénuder complètement. Les unes après les autres, elles ont été violées par les garde-frontières sous nos yeux », a-t-il témoigné.
L’AFP, elle, a recueilli le témoignage d’Ali Husseini, un Afghan relocalisé à Sofia, en avril 2021, à la suite de l’incendie du bidonville de Moria en Grèce, dans le cadre d’un mécanisme européen de solidarité.
Au printemps 2022, il s’est rendu à la frontière chercher son frère. « Trois policiers bulgares cagoulés nous ont embarqués dans leur véhicule. Dans la forêt, ils ont pris nos vêtements, nos chaussures, notre argent avant de nous refouler en Turquie », a-t-il témoigné. Le jeune homme de 20 ans tente le jour même de retourner en Bulgarie, « pieds nus », mais les policiers restent sourds à son statut et le renvoient après « l’avoir roué de coups ».
Une enquête du collectif Lighthouse report et de plusieurs médias a par ailleurs permis de mettre en lumière la détention illégale dans le pays.
Dans une enquête publiée en décembre 2022, le collectif a démontré qu’au moins 34 personnes avaient été détenues dans un abri misérable en briques de seulement quelques mètres carrés entre le 15 octobre et le 25 novembre 2022.
La Bulgarie est candidate à l’intégration dans l’espace Schengen. Mais les Pays-Bas et l’Autriche s’y opposent… en raison de l’afflux de migrants à sa frontière.
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