Paris, contraint et sauf

Avant hier, mené presque tout au long du match et miraculé dans les derniers instants, Paris est passé tout proche de la catastrophe contre Newcastle. Mais si les Parisiens gardent leur destin entre les pieds, il n’y a pas vraiment de raisons de se réjouir.

Le match aller à Newcastle avait marqué un premier coup d’arrêt pour ce PSG version Luis Enrique, secoué dans tous les sens dans l’enfer de Saint James’ Park (4-1). Deux mois plus tard, le tir n’a guère été rectifié par les Rouge et Bleu qui, après avoir brillé à la maison contre Dortmund puis Milan n’ont cette fois pas offert à leur public une prestation à la hauteur de l’événement en Ligue des champions.

Qu’on ne s’y trompe pas : si le penalty généreux transformé par Kylian Mbappé dans les dernières secondes permet à Paris de garder son destin entre ses pieds, il n’efface en rien l’impression fade laissée jusqu’alors.

À côté de la plaque
La soirée avait débuté par un premier quart d’heure disputé à haute intensité, au cœur duquel Kylian Mbappé aurait pu libérer toute une ville. Et puis, plus rien jusqu’à la pause. Même pas un brin d’intensité défensive quand Valentino Livramento se baladait jusque dans la surface, à l’origine d’une action qui verra Donnarumma relâcher la frappe d’Almiron dans les pieds d’Alexander Isak. Il n’en fallait pas plus pour voir ressurgir le douloureux souvenir de la bourde de Gigi Buffon face à Lukaku et Manchester United en 2019.

Les absences de Marquinhos et Warren Zaïre-Emery, passées inaperçues il y a quelques jours contre Monaco, devenaient criantes, tout comme le manque de leadership d’une équipe visiblement incapable de réagir dos au mur. L’impression d’avoir déjà vécu ce même scénario des dizaines de fois s’emparait alors du Parc des Princes, en même temps que la température baissait encore de quelques degrés.

L’enceinte de la porte d’Auteuil n’a jamais cessé de pousser derrière ses ouailles, toujours prête à s’enflammer à la moindre prise de vitesse.

Il aura fallu cependant attendre l’heure de jeu pour voir les champions de France se remettre progressivement à l’endroit, avant d’offrir 30 minutes d’attaque-défense face à des Magpies occis, venus avec un banc où le seul Paul Dummett avait plus de 19 ans, forçant Eddie Howe à garder son XI jusqu’au bout.

« Je crois que nous avons fait un match très complet, nous aurions mérité de gagner. Le résultat ne reflète pas ce qu’il s’est passé sur le terrain, regrettait pourtant Luis Enrique en conférence de presse, dédouanant ses joueurs. Mon équipe a montré qu’elle avait quelque chose de spécial, elle ne s’est pas rendue jusqu’à ce que l’arbitre siffle la fin du match. »

Le gardien a fait des parades qu’il n’a jamais faites. Mais il n’y a pas d’excuses : c’est à nous de continuer à faire notre jeu.

Lucas Hernandez
À l’arrivée, Paris aura tenté sa chance à 31 reprises (contre 5 pour son adversaire) et cumulé les grosses occasions, à l’image de Bradley Barcola, en manque criant de réussite. « Il y a des soirées comme ça où le ballon ne veut pas rentrer… Si on fait le bilan et qu’on voit toutes les actions… Le gardien a fait des parades qu’il n’a jamais faites, se lamentait Lucas Hernandez au coup de sifflet final au micro de RMC Sports. Mais il n’y a pas d’excuses : c’est à nous de continuer à faire notre jeu. »

« Ça a été un match rempli de frustration parce que nous avons eu beaucoup d’occasions, mais sans réussir à marquer, embrayait Luis Enrique quelques instants plus tard. Je suis très fier de la capacité qu’ont eue mes joueurs à gérer cette frustration. »

Sous pression
Justement, du jeu, Paris a eu toutes les peines du monde à en proposer. Y compris au fil d’une dernière demi-heure disputée sous haute tension, au fil de laquelle tout Paris aura réclamé un penalty à trois reprises, plusieurs joueurs récoltant un avertissement au passage, les nerfs étant mis à rude épreuve. Après Barcola, Luis Enrique a lancé Marco Asensio – pour son retour à la compétition – puis Gonçalo Ramos dans la bataille au relais d’un Kolo Muani une nouvelle fois transparent, sans qu’ils ne parviennent à inverser la tendance.

« On a beaucoup trop d’actions pour un match de Ligue des champions. Ce n’est pas l’organisation, la structure… C’est nous, les joueurs. Il faut qu’on soit plus impliqués devant le but, râlait à son tour Mbappé, pour Canal+. On doit tuer le match et le gagner plus largement. On ne doit pas être soulagés, il faut rester sous pression, car il y a un dernier match à gagner. »

En grande difficulté loin de la capitale jusqu’à présent dans cette Ligue des champions, c’est au pied du mur jaune de Dortmund que ce PSG va donc jouer son avenir européen. L’heure aurait pu être plus grave, mais à la lecture des tristes prestations offertes lors de ces deux chocs face à Newcastle et après la pause à San Siro, elle aurait surtout dû être bien plus heureuse si Kylian Mbappé et ses petits copains avaient été plus réguliers sur la scène européenne depuis septembre.

« La difficulté de ce groupe est que même en perdant, on pourrait se qualifier, être éliminés en faisant match nul… Le plus important est que cela dépende de nous », se félicitait tout de même son entraîneur dans la foulée. C’est bien l’un des rares points positifs de cette soirée parisienne.

sofoot

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