Les délégations de près de 200 États se retrouvent à partir du jeudi 30 novembre 2023 à Dubaï, à l’occasion de la grande conférence internationale sur le climat (COP28). Il y sera évidemment question d’atténuer le réchauffement climatique en réduisant les émissions humaines de gaz à effet de serre, mais pas seulement. De plus en plus d’acteurs plaident en effet pour la généralisation des techniques de capture directe du CO2 de l’atmosphère, a relayé RFI dans son podcasts intitulé « Questions d’environnement ».
La même source a fait état que c’est un champ de recherche à part entière : l’ingénierie climatique. Il recouvre aujourd’hui deux technologies principales. La première consiste à retirer directement du carbone de l’atmosphère pour ensuite le stocker. De premières usines existent déjà, en Islande notamment, mais le passage à l’échelle n’a pas encore été fait. L’équipement de Reykjavik parvient à ne soustraire que l’équivalent des émissions de 250 Américains chaque année, au prix d’un système très énergivore.
L’autre technique a l’air sortie d’un ouvrage de science-fiction : il s’agit de pulvériser dans l’atmosphère du dioxyde de soufre.
Cela permettrait de mettre en place une sorte de pellicule en altitude, qui renverrait ainsi une partie du rayonnement solaire vers l’espace. Il s’agit de copier ce qu’il se passe naturellement : les éruptions volcaniques projettent de telles particules dans l’atmosphère, engendrant ainsi un effet refroidissant, minime, sur le climat, lit-on dans le podcasts intitulé « Questions d’environnement ».
« Toutes les options doivent être considérées »
Selon RFI, ces technologies sont cependant loin d’être anodines, et les questions qu’elles soulèvent à mesure qu’elles se développent sont de plus en plus pressantes. « Dans un contexte où on ne fait pas assez pour baisser les émissions de gaz à effet de serre, toutes les options doivent être considérées, rappelle Gabriela Ramos, sous-directrice pour les sciences sociales et humaines à l’Unesco, qui vient de publier un rapport sur le sujet.
C’est une chose d’avoir la technologie. C’en est une autre d’avoir la gouvernance et le cadre éthique pour l’utiliser. Comme souvent, ces techniques sont l’apanage d’un petit groupe de pays et d’entreprises. Mais ce n’est pas à un pays seul de les utiliser : les effets sont mondiaux, il doit donc y avoir un débat mondial ».
Les conséquences à grande échelle et à long terme de l’ingénierie climatique sont en effet encore loin d’être claires. « Sommes-nous si parfaits pour être sûrs qu’il n’y aura pas de dommages collatéraux ? Nous devons nous assurer. On le voit avec l’intelligence artificielle générative. Ce n’est qu’après l’avoir rendue disponible que nous nous inquiétons des conséquences. Nous devons éviter ça avec l’ingénierie climatique », estime Gabriela Ramos.
Cependant, malgré cette absence de cadre, ces techniques sont de plus en plus évoquées, notamment le captage direct de CO2.
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) en fait mention, et rappelle que cette technologie sera nécessaire pour maintenir le réchauffement à + 1,5 degré. Mais il précise que cela ne doit se faire qu’à la marge, et seulement pour compenser les émissions résiduelles, dans les secteurs impossibles à décarboner. De nombreuses voix plaident pourtant pour leur généralisation, voyant là une solution à part entière contre le réchauffement climatique.
L’Unesco, ainsi que l’Agence internationale de l’énergie (AIE), alertent contre ce « techno-solutionnisme » : ces discours ne doivent pas constituer un pari sur une hypothétique solution, en se déchargeant des efforts pourtant nécessaires à réaliser dès aujourd’hui.
RFI