La Finlande a fermé dans la nuit de mardi à mercredi son dernier poste-frontière encore ouvert avec la Russie. Helsinki accuse Moscou d’orchestrer un afflux migratoire à ses portes afin de déstabiliser l’Union européenne.
Le dernier point de passage entre la Finlande et la Russie a fermé dans la nuit de mercredi 29 à jeudi 30 novembre et durera jusqu’au 13 décembre, a annoncé le Premier ministre finlandais, Petteri Orpo.
« Le phénomène observé ces dernières semaines à la frontière doit cesser », a insisté le Premier ministre. Les autorités finlandaises accusent le régime russe d’orchestrer un afflux de migrants à ses frontières pour déstabiliser l’Europe. « La Finlande est la cible d’une opération hybride russe.
C’est une question de sécurité nationale », a souligné la ministre de l’Intérieur.
Désormais donc, plus aucun poste n’est ouvert à la frontière entre la Russie et la Finlande.
Près de 1 000 migrants depuis août
Selon Helsinki, de plus en plus d’exilés se pressent dans la région pour entrer dans l’Union européenne. Depuis début août, près de 1 000 demandeurs d’asile sans-papiers se sont présentés à la frontière Est séparant les deux pays.
Dans le courant de la semaine du 13 novembre, près de 300 migrants, originaires pour la plupart d’Irak, du Yémen, de Somalie et de Syrie, sont entrés en Finlande depuis la Russie après s’être présentés aux postes-frontières à pied ou à vélo, d’après les autorités finlandaises.
Or, habituellement, ces dernières comptabilisent plutôt une dizaine de demandeurs d’asile, chaque mois, à la frontière russo-finlandaise. Jusqu’ici, un accord tacite entre la Russie et la Finlande stipule en effet qu’un filtrage doit être mis en place afin que seules les personnes munies de papiers en règle puissent se présenter aux postes-frontières.
« Activité organisée »
La ministre de l’Intérieur reconnaît que le nombre d’arrivées de ces dernières semaines demeure « relativement bas ». Mais insiste : « Il a augmenté de façon significative sur une courte période ».
Cet afflux de migrants « est une activité organisée, pas une véritable urgence », avertit le Premier ministre mardi 28 novembre. « La facilité avec laquelle les migrants ont atteint le passage frontalier éloigné de Raja-Jooseppi est la preuve de cela », a-t-il ajouté.
La rédaction des Observateurs de France 24 a pu échanger avec un homme qui organise des voyages de la Russie vers la Finlande pour les migrants.
Il détaille son activité : « J’envoie les personnes en voiture à la frontière, en accord avec la police russe. On donne 500 dollars [457 euros, ndlr] aux gardes-frontières par migrant pour qu’ils les laissent aller vers la Finlande, au niveau des points de passage. La police leur donne également des vélos. Avant, il n’y avait pas d’accord de ce type, donc je n’envoyais pas les gens vers la frontière finlandaise. J’ai entendu parler de cet accord à travers un homme qui travaille pour moi à la frontière.
Je pense que c’est pour mettre la pression sur l’Europe, à travers les migrants ».
L’homme affirme que depuis 10 jours, il a envoyé environ 200 personnes à la frontière, « surtout des Syriens, des irakiens, des Tunisiens, des Marocains, des Turcs, des Yéménites et des Libanais ».
Les relations entre les deux voisins se sont considérablement détériorées depuis février 2022 et l’offensive russe en Ukraine, une attaque qui a conduit la Finlande, inquiète pour sa propre sécurité, à rejoindre l’Otan en avril 2023. Moscou avait alors promis de prendre des « contre-mesures » après cette adhésion.
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