Un ancien ambassadeur américain inculpé d’espionnage pour Cuba pendant « plus de 40 ans »

Arrêté vendredi à Miami au terme d’une enquête du FBI, Victor Manuel Rocha, 73 ans, a été inculpé pour espionnage au profit de Cuba pendant « plus de 40 ans ». L’ancien ambassadeur américain « a cherché et obtenu des postes au sein de l’appareil d’État américain qui lui donneraient accès à des informations non publiques et une capacité à influer sur la politique étrangère des États-Unis », a déclaré lundi le ministre américain de la Justice.

L’homme est né en Colombie et a plus tard été naturalisé américain.

Un ancien ambassadeur des États-Unis, Victor Manuel Rocha, a été inculpé pour avoir espionné pendant « plus de 40 ans » au profit de Cuba, ennemi historique de Washington, a annoncé lundi 4 septembre le ministère américain de la Justice.

Cette affaire est « l’une des infiltrations parmi les plus longues, et touchant à des niveaux les plus importants, d’un agent étranger au sein de l’État américain », a fait savoir dans un communiqué le ministre de la Justice, Merrick Garland.

Selon l’accusation, « pendant plus de 40 ans, Victor Manuel Rocha a travaillé comme un agent sous couverture de l’État cubain », a déclaré Merrick Garland à la presse. L’ancien diplomate « a cherché et obtenu des postes au sein de l’appareil d’État américain qui lui donneraient accès à des informations non publiques et une capacité à influer sur la politique étrangère des États-Unis », a-t-il ajouté dans le communiqué.

Arrêté vendredi à Miami au terme d’une enquête du FBI impliquant un agent sous couverture, Victor Manuel Rocha est attendu pour une première audience lundi devant un tribunal fédéral de Floride.

Membre du Conseil de sécurité nationale sous Bill Clinton
Victor Manuel Rocha, 73 ans, a occupé de très hauts postes au sein de la diplomatie américaine : avant de terminer sa carrière au département d’État comme ambassadeur en Bolivie de 2000 à 2002, il a notamment été membre du Conseil de sécurité nationale, organe de la Maison Blanche, de 1994 à 1995, sous le président Bill Clinton.

Il a aussi été en poste dans de nombreuses ambassades américaines en Amérique latine, dont justement celle de La Havane, selon un document judiciaire.

D’après l’accusation, Victor Manuel Rocha a commencé à travailler pour le gouvernement communiste de Cuba dès 1981 au sein de sa principale agence de renseignement.

Selon le ministère de la Justice, même après avoir quitté le département d’État en 2002 au terme d’une trentaine d’années de service, il a poursuivi son travail d’espionnage pour Cuba. Victor Manuel Rocha a notamment été conseiller pour le US Southern Command, l’organe qui coordonne les forces armées américaines en Amérique latine, dont Cuba.

Piégé par un agent du FBI sous couverture
Victor Manuel Rocha a été confondu par un membre de la police fédérale américaine (FBI) qui s’est fait passer, en 2022 et 2023, pour un agent des services cubains de renseignement, selon un document judiciaire.

Après avoir reçu un « message WhatsApp » de l’agent sous couverture, Victor Manuel Rocha s’est rendu (en évitant soigneusement d’être suivi) à un rendez-vous avec ce faux agent cubain, qui cachait micro et caméra pour recueillir ses confidences.

Il y évoque sa fausse vie d’une « personne de droite », parle de ses « camarades » à Cuba, demande au faux agent de liaison d’envoyer ses « chaleureuses salutations » à la direction du renseignement à La Havane ou parle du « grand sacrifice » que fut pour lui sa vie d’agent secret.

Ce qu’il a fait pendant « près de 40 ans » pour le gouvernement communiste de La Havane a été « énorme », « plus qu’un grand Chelem », se félicite-t-il lors d’un second rendez-vous à Miami avec cet agent du FBI sous couverture.

L’ancien ambassadeur, vivant à Miami, « faisait toujours référence aux États-Unis comme ‘l’ennemi’ et utilisait le mot ‘nous’ pour décrire Cuba et lui-même », a souligné le ministère de la Justice.

Le département d’État va désormais « étudier » avec les agences de renseignement les « conséquences de long terme sur la sécurité nationale » de cette affaire, a déclaré lundi son porte-parole, Matthew Miller.

AFP

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