Un assassinat, 38 personnes témoins du drame et zéro réaction. C’est l’un des faits divers qui marquera le plus les États-Unis des années 60 et qui fera grandement avancer la psychologie sociale à travers le monde.
Catherine Genovese, aussi appelée Kitty, une américaine de 28 ans, se fait agresser la nuit du 13 au 14 mars 1964 à Kew Garden (New-York). Alors qu’elle quitte son lieu de travail et n’a plus que quelques pas à faire pour rejoindre son domicile, un homme, tapi dans l’ombre, surgit soudain et lui assène un grand coup de couteau dans le dos.
L’un des voisins d’en face, depuis sa fenêtre, crie à l’homme d’arrêter son œuvre meurtrière.
L’agresseur prend la fuite…, pour revenir quelques minutes plus tard et finir le travail. Dans ce quartier du Queens, les cris de la jeune femme résonnent longtemps, 1h30 d’agonie en tout avant que la police n’intervienne. La pauvre Kitty, sans aucune aide extérieure, succombe à ses terribles blessures.
L’effet témoin
Trop froid dehors pour sortir de chez soi et stopper l’agression, trop occupé à essayer de masquer les cris de la jeune américaine et à augmenter le son de la stéréo, trop loin que pour agir… Comment expliquer ces comportements du voisinage complètement inerte face à l’agression ?
John Darley et Bibb Latané, deux chercheurs et psychologues, vont se pencher sur l’affaire et entamer des études pour comprendre cette immobilisation totale de la part des témoins. En 1968, les deux experts démontrent qu’un individu, s’il est seul en présence de la victime, interviendra dans 85% des cas contre 31% si 4 autres personnes, au moins, sont présentes.
Un phénomène psychologique social qui sera baptisé l’“effet du témoin”, “l’effet de spectateur” ou encore “le syndrome Genovese”.
En fait, la présence d’autrui influence grandement notre prise de décision en situation de danger, entraînant ce qu’on appelle une “dilution de responsabilité”. Seul face à une personne en détresse, nous savons que la responsabilité d’intervenir ou pas n’appartient qu’à nous-même. Par contre, lorsque d’autres personnes assistent à une situation d’urgence, on divise cette responsabilité par le nombre d’individus présents. Résultat : personne n’agit.
Un effet témoin qui, rassurez-vous, n’est pas systématiquement engagé.
S’il y a urgence et que cette urgence ne fait l’objet d’aucune ambiguïté, un individu, qu’il soit en groupe ou seul, interviendra de la même façon, avec la même probabilité.