Des chercheurs anglais ont identifié le mécanisme inflammatoire des infections vaginales à Candida, un genre de levures. A partir des données génétiques de ce champignon, ils ont mis au point un gel à base de zinc pour prévenir des symptômes courants tels que les brûlures, les démangeaisons et les écoulements. Des premiers résultats qui semblent prometteurs.
On estime à 500 millions le nombre d’infections vaginales à Candida, chaque année dans le monde. Ce genre de levure est à l’origine de nombreuses infections, dont la plupart sont des candidoses vaginales causées par l’espèce Candida albicans.
Des chercheurs de l’université d’Exeter, en Angleterre, ont mis en évidence le gène à l’origine de l’inflammation. « Les infections à candidoses constituent un problème majeur. 140 millions de femmes en souffrent de manière récurrente et on observe une résistance accrue des champignons aux antifongiques actuellement prescrits », déplore Duncan Wilson, premier auteur de l’étude, lors d’une interview pour Sciences et Avenir.
« Il est donc nécessaire de découvrir de nouvelles thérapies. » Les résultats de leur étude, publiée dans la revue Science Translational Medicine, portent sur une cohorte restreinte de patientes, mais avance des premiers résultats prometteurs.
Le gène PRA1, responsable de l’inflammation
L’équipe de biologiste a analysé les frottis vaginaux de 29 femmes, dont 17 infectées par Candida albicans. « Pour connaître son mécanisme d’action, il a fallu identifier les gènes les plus exprimés par le champignon lors de l’infection », précise Alexandre Alanio, professeur de mycologie parasitologie à l’université Paris Cité, pour Sciences et Avenir.
En effet, ce sont eux qui codent pour les protéines, rouages essentiels au fonctionnement de la levure. Résultat : le gène PRA1, codant pour la protéine Pra1, se distingue. « Son expression est particulièrement élevée dans les échantillons des femmes infectées et corrélée à une concentration élevée de cytokines », souligne l’auteur.
Mais que sont les cytokines ? Il s’agit de petites protéines régulatrices, dont certaines, dites « pro-inflammatoires », agissent comme un signal pour attirer et activer les cellules immunitaires (neutrophiles). C’est la réponse immunitaire qui est à l’origine des symptômes inflammatoires : brûlures, démangeaisons et écoulements. « L’enjeu est de la contrôler pour éviter qu’elle ne soit démesurée, et n’engendre des symptômes trop importants », analyse Alexandre Alanio. L’équipe de l’université d’Exeter identifie justement une possibilité de la modérer, par l’intermédiaire de la protéine Pra1.
Un champignon avide de zinc
« Nous avons découvert que le champignon utilise la protéine Pra1 pour extraire le zinc de son environnement », dévoile Duncan Wilson. Cette découverte fondamentale permet aux chercheurs d’identifier un moyen d’inhiber l’expression du gène PRA1, et donc la production de la protéine : fournir du zinc au champignon ! En effet, si le zinc est disponible en quantité suffisante, le champignon n’a pas besoin de la protéine Pra1 et suspend donc sa production. « Pas de Pra1, pas d’inflammation, pas de maladie ! », résume l’auteur de l’étude.
Suite à cette découverte, les chercheurs élaborent un gel contenant du zinc et demandent à 10 femmes de se l’auto-administrer pendant trois mois.
« Cinq des six femmes atteintes de candidose vulvo-vaginale récurrente n’ont pas souffert de réinfection au cours de cet essai, ce qui suggère que le gel de zinc a calmé les réponses immunitaires inflammatoires déclenchées par PRA1 et empêché la réinfection », notent les auteurs.
Toutefois, la cohorte est encore trop faible pour pouvoir généraliser ce résultat à l’ensemble des femmes souffrant de candidoses. L’équipe de Duncan Wilson a d’ores et déjà entrepris un essai clinique de plus grande ampleur pour confirmer l’effet de ce traitement.
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