Les contours d’un accord sur la fin des énergies fossiles restent flous à six jours de la fin de la COP28, où son contesté président émirati Sultan Al Jaber a annoncé dans la nuit de mercredi à jeudi reprendre la main sur les négociations, plaidant pour trouver des compromis.
Après un début tonitruant, grâce à l’accord historique sur le fonds sur les dommages climatiques des pays vulnérables, la première semaine des négociations à Dubaï s’est conclue mercredi soir sur un vague statu quo.
A la veille de la traditionnelle journée de repos, jeudi, entre les deux semaines de la conférence, la sortie progressive du pétrole, du gaz et du charbon est bel et bien sur la table dans le projet d’accord, à la satisfaction des pays insulaires, d’Afrique, de l’Union européenne ou des Etats-Unis.
Mais elle est en balance avec une option radicale: effacer toute mention des énergies fossiles, reflet du blocage à ce stade de la Chine ou des pays arabes, Arabie saoudite en tête.
Tard mercredi soir, les négociateurs des 195 signataires de l’accord de Paris ont pris acte de deux jours d’impasse, après de laborieux débats… mais sans porte qui claquent ni alarmisme dans les allées du gigantesque parc des Expositions de Dubaï.
Le président désigné par les Emirats, Sultan Al Jaber, est alors intervenu en séance plénière pour appelé les pays à sortir de leur « zone de confort et à trouver un terrain d’entente » afin d’obtenir un accord final « très ambitieux » d’ici mardi.
Alors que les COP finissent habituellement en retard, le méthodique et clivant patron de la compagnie pétrolière Adnoc a même indiqué qu’il comptait sur une « clôture ordonnée de la conférence le mardi 12 décembre à 11 heures au plus tard » (07H00 GMT).
La COP27 n’a été conclue qu’après deux nuits de prolongation.
Il a réclamé aux négociateurs « des propositions qui créent des ponts sur les énergies fossiles, les renouvelables et l’efficacité énergétique, alignées sur la science ».
« Nous devons obtenir des résultats qui guident notre action dès cette décennie », a-t-il insisté, reprenant un langage cher aux Européens, très attaché à des objectifs de court terme. D’ici 2030, les émissions doivent baisser de 43% par rapport à 2019 pour espérer tenir la limite de 1,5°C de réchauffement, selon le Giec.
– « Plein de postures »-
Pour y parvenir, Sultan Al Jaber a promis de présenter vendredi son plan de bataille, très attendu par ceux qui l’ont accusé d’avoir été en retrait sur le coeur des négociations et plus occupé à préparer les engagements non-contraignants des gouvernements, de l’industrie et de la finance, dont les annonces s’échelonnent depuis l’ouverture du sommet le 30 novembre.
Les discussions vont prendre un tour plus politique, avec l’arrivée ce week-end des ministres, censés prendre le relais des négociateurs techniques.
Le succès est encore incertain. « Nous avons un texte de départ sur la table, mais c’est un empilement de voeux pleins de postures », a admonesté mercredi matin Simon Stiell, le chef de l’ONU Climat.
La sortie des énergies fossiles est, avec quelques nuances, soutenue par une majorité des pays. Plusieurs options sont néanmoins sur la table, notamment l’objectif d’une « sortie ordonnée et juste des énergies fossiles ».
Dans le grand art de la diplomatie climatique, l’apparition de cette nouvelle formulation préfigure un éventuel consensus qui fixerait un objectif universel… tout en donnant plus de marge à certains pays, selon leur degré de développement ou leur dépendance aux hydrocarbures.
L’Afrique du Sud, par exemple, est en grande difficulté pour fermer ses centrales à charbon, qui produisent 90% de l’électricité mais ne suffisent pas, les habitants subissant de constantes coupures de courant.
Face au défi de réduire les émissions de gaz à effet, les pays du monde ont une responsabilité « commune, mais nous avons des circonstances nationales différentes », a déclaré à l’AFP la ministre sud-africaine Barbara Creecy, désignée avec son homologue danois pour jouer un rôle d’intermédiaire crucial entre les ministres dans la dernière ligne droite.
Les fossiles ne sont pas le seul sujet de bras de fer. Les débats seront âpres aussi sur l’aide financière aux pays pauvres, l’adaptation au changement climatique et la révision des règles pour établir les plans nationaux de réduction des gaz à effet de serre.
AFP